On le savait souffrant de graves problèmes auditifs, comme en témoigne l’audiprothèse qu’il a dernièrement commandé aux frais de l’antenne militaire algérienne à Paris. Mais il vient de démontrer qu’il souffre aussi et surtout de cécité. Et ce n’est surtout pas ce ridicule message de «félicitations» et de «reconnaissance» de circonstance adressé aux forces aériennes de son état-major, malgré la gestion chaotique des vols retour depuis l’aéroport du Caire, qui diront le contraire.
Les images, postées sur la centrifugeuse des réseaux sociaux, renseignent à tous points de vue sur cette supposée «prise en charge totale» par l’état-major de l’ANP, -«transformée par le Général Gaïd Salah en ferme privée, au service des copains et des coquins!-, des vols organisés depuis Boufarik (base militaire, 30 Km d’Alger) vers la capitale égyptienne, à l'intention des 5.000 Algériens qui ont souffert le martyre, le weekend dernier, pour regagner leur pays.
«Des milliers de supporters, qui ont assisté à la finale de la CAN grâce à un pont aérien mis en place par le gouvernement et l’institution militaire, ne trouvent pas de places dans les vols retour au pays. Les images, postées sur les réseaux sociaux, de nos ressortissants dormant à l’intérieur de l’aéroport du Caire, sous le regard apitoyé des passagers, sont affligeantes», décrit un confrère algérien, en relayant les témoignages poignants recueillis auprès des pauvres supporters abandonnés à eux-mêmes!
"Nous sommes livrés à nous-mêmes, sans aucune assistance du consulat ou de l’ambassade. Les gens se moquent de nous. Nous avons l’impression que nous ne valons rien", a asséné ce passager algérien. "Je me suis organisé pour passer une journée en Égypte et retourner au bled. Je n’ai pas d’argent, pas de quoi manger. Il faut nous assurer le retour chez nous, tout comme vous l’avez fait pour l’aller", s'est plaint un autre, la mort dans l'âme.
Un calvaire que seules les images peuvent restituer tant il est indescriptible. Des Algériens dormant à même le sol à l’aéroport du Caire, sous le regard apitoyé des passagers. Des scènes de bousculades, voire d’échauffourées avec les forces de l’ordre égyptiennes, submergées par un impressionnant raz-de-marée de supporters dont l’euphorie d’avoir vécu, en live, le sacre de Ryad Mahrez et de ses coéquipiers s’est transformée en véritable cauchemar.
Pendant ce temps, le Général-président, tenté par une ridicule récupération politic(h)ienne du sacre de la sélection algérienne, s’est fendu d’un message très mal placé à l’adresse de la composante aérienne de son état-major, en la félicitant pour un «exploit » somme toute fictif, du moins au regard de la détresse incommensurable vécue par des frères d’Algériens restés «piégés» l'espace de tout un weekend à l’aéroport cairote.
"Vous étiez, ainsi, le ciment qui a consolidé le lien Armée-Nation, aussi bien dans les moments difficiles que dans la joie et les exploits, et qui a érigé l’édifice de la patrie, pour que vous soyez dignes des espoirs de votre peuple, soit le solide rempart de l’Algérie et la citadelle imprenable, qui défend sa terre et ses cieux", a tartiné dans son message illuminé le Général-président, qui sans sourciller le moins du monde, s’est hasardé à tacler encore une fois la "bande et ses relais" (Clan Bouteflika: Ndlr), dont il est toutefois l’illustration la plus pathétique et la plus affligeante.