Vidéos. Algérie: rassemblements pour un dixième vendredi de contestation du régime

Les Algériens maintiennent leur mobilisation pour un onzième vendredi de la colère.

Les Algériens maintiennent leur mobilisation pour un onzième vendredi de la colère. . DR

Le mouvement algérien de contestation testera vendredi sa capacité à rester mobilisé lors du 10e vendredi consécutif de manifestations à travers le pays, sur fond de limogeages de symboles du régime Bouteflika déchu et de spectaculaires incarcérations dans des affaires de corruption présumée.

Le 26/04/2019 à 11h11

"Pas de demi-révolution", titre en "une" vendredi l'édition du week-end du quotidien El Watan, appelant à continuer à manifester jusqu'au départ du "système", dans son integralité, tandis que des appels similaires continuent d'être relayés sur les réseaux sociaux.

Le sentiment d'avoir obtenu de nouvelles têtes pourrait encourager les manifestants, à l'issue d'une semaine marquée par de nouveaux limogeages, de convocations judiciaires et poursuites annoncées contre des caciques du régime et le placement en détention provisoire de riches hommes d'affaires.

D'autant que le pouvoir ne cède pas sur l'essentiel des revendications: départ de l'ensemble des figures de l'appareil hérité d'Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné le 2 avril après 20 ans à la tête de l'Etat, et organisation d'une transition hors du cadre institutionnel qu'il a légué.

"الشعب يريد يتنحاو ڤاع" .. بداية تجمع المتظاهرين أمام البريد المركزي تحسبا لإنطلاق مسيرات الجمعة العاشرة من الحراك

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Posted by Journal el Bilad on Friday, April 26, 2019

Apparatchik ayant accompagné Bouteflika durant près de deux décennies, Abdelkader Bensalah est toujours président par intérim et Noureddine Bedoui, autre fidèle dévoué, toujours Premier ministre d'un "gouvernement de la honte", comme le nomment les manifestants.

Et ces dirigeants prévoient toujours, avec le soutien de l'armée, replacée au centre de la vie politique depuis le départ de Bouteflika, d'organiser le 4 juillet la présidentielle devant élire son successeur, ce que refuse la contestation qui estime qu'ils ne peuvent garantir un scrutin régulier.

L'incarcération en début de semaine de trois frères Kouninef, famille propriétaire d'un géant privé du BTP algérien, bénéficiaires de gigantesques contrats publics, ne peut que satisfaire la contestation qui, depuis le 22 février, dénonce, aux cris de "voleurs" ou "mafia", les liens troubles entre la présidence Bouteflika et les "oligarques".

Réputés proches de Saïd Bouteflika, frère et conseiller abhorré du président déchu, ces trois frères Kouninef sont notamment soupçonnés de "non respect des engagements contractuels dans la réalisation de projets publics" et "trafic d'influence".

Mais le placement en détention préventive, simultanément, d'Issad Rebrab, première fortune d'Algérie et patron du conglomérat Cevital, premier employeur privé du pays, qui entretenait lui des relations notoirement tendues avec l'entourage de Bouteflika, a semé le doute sur les objectifs réels de ces enquêtes.

مباشرة من البريد المركزي .. "كليتو البلاد يا السراقين"

مباشرة من البريد المركزي .. "كليتو البلاد يا السراقين"

Posted by Journal el Bilad on Friday, April 26, 2019

Une partie de la presse algérienne a qualifié "d'injonctions" les appels répétés à "accélérer la cadence" des enquêtes anticorruption, lancés aux autorités judiciaires par le général Ahmed Gaïd Salah, chef d'état-major de l'armée et de facto homme fort du pays depuis le départ de Bouteflika.

Ce qui a contraint l'armée à dénoncer, dans une rare "mise au point", "une lecture erronée" des déclarations du général Gaïd Salah, puis le Parquet a assurer n'avoir subi "aucune pression".

Certains observateurs voient dans ces enquêtes une forme de "deal" implicite offert aux manifestants: les têtes des "corrompus" ou des symboles du pouvoir, contre un assouplissement des revendications notamment sur la présidentielle, dont le général Gaïd Salah a, à nouveau, réclamé dans la semaine qu'elle se tienne dans les délais constitutionnels.

Voire une tentative de diviser la contestation, dont au moins une partie a de la sympathie pour Rebrab, qui présente son groupe comme "une victime du +système+ (au pouvoir) et de sa mafia économique" qui entravent ses activités.

شاهدوا ماذا فعل مواطنون الآن أمام البريد المركزي ردا على تمسك السلطة بانتخابات 4 جويلية؟

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Posted by Journal el Bilad on Friday, April 26, 2019

Dans la semaine, a été limogé le patron du Club des Pins, luxueuse résidence ultraprotégée réservée aux dignitaires, symbole des privilèges accordés aux personnalités du régime.

Mais aussi le PDG de Sonatrach, géant public des hydrocarbures, entreprise au centre de plusieurs scandales ces dernières années. Le lendemain, la justice annonçait enquêter à nouveau sur l'ancien ministre de l'Energie Chakib Khelil, très proche de Bouteflika, qui avait fui l'Algérie, car recherché pour une affaire de corruption liée à Sonatrach, avant de rentrer une fois les poursuites abandonnées.

En province, les ministres du "gouvernement de la honte" continue d'être chahutés lors de leurs déplacements, malgré les récentes mises en garde du général Gaïd Salah contre ce phénomène qui se multiplie. Jeudi, le ministre du Tourisme, Abdelkader Benmessaoud, a écourté une visite à Saïda (nord-ouest) après avoir été conspué.

Le 26/04/2019 à 11h11