Dans une vidéo transmise à la BBC par son avocat, le prince Hamza a affirmé que le chef d'état-major de l'armée s'était rendu à son domicile et lui avait signifié qu'il n'était "pas autorisé à sortir". Il a nié avoir pris part à un complot et a accusé les autorités de son pays de "corruption" et d'"incompétence".
L'agence de presse officielle Petra avait indiqué plus tôt que les autorités avaient arrêté un ancien conseiller du roi, Bassem Awadallah, et un nombre indéterminé d'autres personnes pour "des raisons de sécurité", alors que le quotidien américain Washington Post faisait état pour sa part d'un complot visant à renverser le roi.
Dans un communiqué, le chef d'état-major jordanien, le général Youssef Huneiti, avait précisé que le prince Hamza avait été "appelé à arrêter des activités qui pourraient être utilisées pour porter atteinte à la stabilité et la sécurité du royaume", mais avait démenti son arrestation.
Trois alliés de la Jordanie ont vite apporté leur soutien samedi au roi Abdallah II.
"Le roi Abdallah est un partenaire clé des Etats-Unis, et il a tout notre soutien", a déclaré le porte-parole du département d'Etat américain, Ned Price.
Dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, le Maroc a exprimé aux premières heures de ce dimanche son soutien total aux décisions prises par le roi Abdallah II Ibn Al Hussein, pour garantir la stabilité et la sécurité de la Jordanie. La diplomatie marocaine indique que le Royaume du Maroc, du fait des liens spéciaux unissant les deux souverains, "réitère sa solidarité entière avec le Royaume Hachémite de Jordanie".
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En Arabie saoudite, le palais royal a également fait part dans un tweet de "son appui total au royaume hachémite de Jordanie (...) et aux décisions et mesures prises par le roi Abdallah II et le prince héritier Hussein pour sauvegarder la sécurité et la stabilité" dans le pays.
Le Conseil de coopération du Golfe (CCG) a affirmé son "soutien au royaume frère de Jordanie" et à "toutes les mesures qu'il prendra pour assurer sa sécurité et sa stabilité".
"Personne n'est au-dessus de la loi. La sécurité et la stabilité de la Jordanie passent avant tout", avait dit le général Huneiti. "Toutes les mesures qui ont été prises l'ont été dans le cadre de la loi et après une enquête approfondie", a-t-il ajouté.
Des vidéos sur les réseaux sociaux ont montré un déploiement massif de la police près des palais royaux, dans le quartier de Dabouq à Amman.
Selon le Washington Post, le prince Hamza est visé par une enquête après "la découverte de ce que des responsables du palais ont décrit comme un complot complexe et de grande envergure" visant à renverser le roi Abdallah II.
Ce complot "comprenait au moins un autre membre de la famille royale ainsi que des chefs tribaux et des membres de la direction de la sécurité du pays", a-t-il ajouté, citant un haut responsable d'un service de renseignement du Moyen-Orient.
"Je ne fais partie d'aucun complot ni d'aucune organisation malfaisante", s'est défendu le prince dans la vidéo, regrettant qu'il ne soit plus possible, selon lui, d'exprimer son opinion ou de critiquer les autorités "sans être intimidé, harcelé ou menacé".
Le pouvoir jordanien pense que "ses intérêts personnels, ses intérêts financiers, sa corruption est plus importante que la vie, la dignité et l'avenir des dix millions de personnes qui vivent ici", a encore accusé le prince Hamza.
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"Malheureusement, ce pays s'est enfoncé dans la corruption, dans le népotisme et dans la mauvaise administration, avec pour résultat l'anéantissement ou la perte de l'espoir", a-t-il poursuivi.
Hamza est le fils aîné du roi Hussein et de son épouse américaine, la reine Noor, née Lisa Halaby. Conformément au souhait de son père, décédé en 1999, il avait été nommé prince héritier lorsqu'Abdallah était devenu roi. Mais en 2004, Abdallah l'avait dépouillé du titre et l'avait donné à son fils aîné Hussein.
La personne dont l'agence Petra a annoncé l'arrestation, Bassem Awadallah, a été chef de cabinet du roi de 2007 à 2008 puis chef de la Cour royale jusqu'en 2008. Cet ancien ministre des Finances et du Plan était très proche du souverain jordanien mais aussi une figure controversée.
Bassem Awadallah avait démissionné de son poste de chef de la Cour royale en 2008 après avoir été accusé par certains députés et autres politiciens ainsi que par des journalistes de s'ingérer dans les plans de privatisation du pays.
L'assignation à résidence du prince et les arrestations surviennent à quelques jours de la célébration du centenaire du royaume. Le 11 avril 1921, le roi Abdallah, dirigeant du nouvel Etat de Transjordanie, avait formé son premier gouvernement, après la création de l'émirat en mars 1921, aux côtés de la Palestine pendant le mandat britannique.