Vidéo. Carnaval de Rio. Les Brésiliennes crient leur colère

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"Non c'est non", dans le sillage de la campagne #MeToo lancée après l'affaire Weinstein aux Etats-Unis contre le harcèlement des femmes, les Brésiliennes se sont mobilisées à l'occasion du carnaval où les agressions sont innombrables.

Le 10/02/2018 à 16h07

Certaines ont même arboré ce slogan en tatouage éphémère sur les épaules, les bras, la poitrine. D'autres dansent dans les rues du carnaval avec des éventails en carton disant: "Não é não" (Non c'est non").

Le carnaval de Rio --la plus grande fête du monde sous les 40 degrés de l'été tropical, avec des millions de fêtards très dévêtus et l'alcool qui coule à flot-- est tous les ans le théâtre de multiples agressions sexuelles contre les femmes.

Fête de tous les excès, le carnaval a vu l'an dernier une femme agressée toutes les quatre minutes, selon la police. Un chiffre qui fait froid dans le dos.C'est la raison pour laquelle Luka Borges ne se fatigue pas de distribuer les tatouages éphémères aux femmes qui lui demandent, dans un "bloco", un cortège de rue qui défile sur des airs de samba dans le centre de Rio de Janeiro.

"Il y a beaucoup de machisme au Brésil et faire ceci pour le carnaval est urgent", explique cette gestionnaire de projets de 28 ans à l'AFP. "Nous, les femmes, passons bien plus de temps dans les rues et avec moins de vêtements. Ceci est un prétexte pour des agressions".

Luka a créé avec quatre amies les décalcomanies "Não é não", qui ont commencé à être distribuées de manière impromptue l'an passé parmi quelques "blocos" de Rio après l'agression d'une d'entre elles.

Et grâce à une collecte de crowdfunding et une campagne sur les réseaux sociaux, quelque 27.000 décalcomanies ont été produites pour le carnaval 2018, qui vont être réparties sur des villes comme Salvador, Sao Paulo ou Olinda pour le carnaval.

"Pendant de nombreux carnavals nous avons vécu des situations d'agressions sans nous en rendre compte", dit Anna Studard, une productrice de théâtre de 27 ans qui arbore le tatouage éphémère sur la poitrine. "Nous pensions que c'était normal, mais je trouve que depuis un ou deux ans on a commencé à avoir conscience du fait que +non c'est non+"

Mais le carnaval, avec son ambiance totalement débridée et ultra-sensuelle, est typiquement un moment où l'on peut embrasser sans aucune retenue des inconnu(e)s.

Loin d'être inspirées par le puritanisme, les femmes de cette campagne cherchent simplement à faire appliquer le précepte "mon corps, avec mes règles à moi", familier des féministes au Brésil.

Le 10/02/2018 à 16h07