"Je vais demander lundi à l'Assemblée nationale de décréter l'état d'urgence pour permettre l'entrée de l'aide humanitaire" dans le pays, ce qui permettra de "solliciter l'aide internationale", a annoncé dimanche M. Guaido, président de l'Assemblée nationale, autoproclamé "président par intérim" du Venezuela et reconnu par une cinquantaine de pays. "Cette catastrophe, nous devons nous en occuper maintenant", a-t-il martelé. Le courant est revenu dimanche soir dans certains quartiers de Caracas, provoquant des clameurs enthousiastes - mais à deux reprises déjà, vendredi et samedi, la joie avait été de courte durée, l'électricité avait de nouveau disparu après un bref retour. Alors que la panne franchissait un cap symbolique de 72 heures dimanche après-midi, le gouvernement a imposé une nouvelle journée chômée lundi aux fonctionnaires et aux écoliers. L'absence de transports rend de toutes façons tout déplacement hasardeux, même dans la capitale. "Sur ordre du président Nicolas Maduro, les activités scolaires et le travail resteront suspendues demain lundi 11 mars", a annoncé le ministre de la Communication Jorge Rodriguez, qui a également appelé "au calme", lors d'une allocution à la télévision publique.
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Guaido a aussi enjoint à la population de descendre dans les rues "parce que ce régime laisse mourir les Vénézuéliens" et a appelé les forces armées à cesser "de couvrir le dictateur", le président Maduro. Depuis jeudi 16h50 (2Oh50 GMT), le pays est privé de lumière, d'eau et de moyens de transports et de communications, et la population éprouve de plus en plus de difficultés à se ravitailler. Au moins 250 tonnes d'aide humanitaire, vivres et médicaments, principalement envoyées par les Etats-Unis, sont stationnées aux frontières du pays avec la Colombie et le Brésil. Le gouvernement s'est opposé le 23 février à leur entrée dans le pays en suspectant une tentative d'intervention armée déguisée des Etats-Unis. Selon des ONG, la panne a déjà tué au moins 15 malades dans les hôpitaux - dont très peu sont équipés de générateurs en état de marche - mais en l'absence de bilan officiel et de moyens de communications, il est impossible de savoir ce qui se passe exactement à travers le pays.
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Ces bilans ont été démenti dimanche après-midi par le ministre de la Santé Carlos Alvarado, resté silencieux depuis le début de la crise. "C'est faux", a-t-il dit à la télévision - que bien peu de Vénézuéliens sont en état de recevoir. La centrale hydroélectrique de Gurri, dans l'Etat de Bolivar (sud), responsable de la panne, dessert environ les trois-quarts du pays. Maduro a dénoncé une nouvelle "attaque cybernétique" dans la "guerre électrique" menée selon lui par les Etats-Unis. Le gouvernement a affirmé qu'il fournirait à l'ONU "des preuves" de ces accusations. Un scénario "hollywoodien", a répliqué Guaido, pour qui le manque de maintenance et d'investissements dans le réseau électrique, nationalisé en 2007, sont la vraie cause de cet fiasco. Dans un communiqué, 11 des 14 pays du Groupe de Lima ont rendu "le gouvernement illégitime de Maduro exclusivement responsable de l'effondrement du système électrique vénézuélien". Le Groupe de Lima comprend 13 pays d'Amérique latine et des Caraïbes et le Canada.
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La coupure est inédite par son ampleur et sa durée dans ce pays de 30 millions d'habitants, qui dispose des premières réserves mondiales de pétrole. Dans la capitale, les rares commerces ouverts n'acceptent que les dollars en espèces. Du fait de l'inflation, les billets locaux en circulation sont insuffisant pour régler des produits de base à triple zéro. Pour s'ajuster à cette hyperinflation, les paiements électroniques se sont généralisés. Et ceux-ci sont bien sûr suspendus. Quelques vols ont repris à l'aéroport international de Maiquetia, où les enregistrements se font manuellement pour ceux qui partent, mais des centaines de passagers sont bloqués depuis jeudi. Chaque jour, Rossy Fernandez, 72 ans, essaie de partir pour rendre visite à son frère à Miami. Mais rien ne la chassera du pays, jure-t-elle. Selon l'ONU, 2,7 millions de Vénézuéliens ont émigré depuis 2015.
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L'obscurité à la nuit tombée ajoute à l'angoisse dans cette métropole de 5 millions d'habitants, considérée comme l'une des plus dangereuses du monde. "C'est l'agonie. On s'impose un couvre-feu à partir de 17h00. On sort tôt pour acheter ce qu'on peut et on rentre vite", soupire Yadira Delgado, 49 ans, qui vit avec sa mère de 72 ans et sa fille de 16 ans. Cette nouvelle crise fournit aussi un nouveau terrain de lutte entre les deux présidents qui se disputent le pouvoir. Guaido et Maduro, ont organisé samedi des rassemblements rivaux à Caracas. Guaido a répété qu'il était prêt à autoriser une intervention militaire étrangère.