Elle s'appelle Mavis Wanczyk et avait acheté son billet mercredi après-midi, dans une station-service de sa ville de Chicopee, à l'ouest de Boston (nord-est), en choisissant les cases 6, 7, 16, 23 et 26, et le Powerball 4 en numéro complémentaire.
Des chiffres choisis sur la base des dates d'anniversaires de sa famille, a expliqué jeudi cette joueuse régulière, en mâchonnant nerveusement un chewing-gum lors d'une brève conférence de presse.
Comme beaucoup d'heureux vainqueurs avant elle, cette employée du même hôpital depuis 32 ans n'y a pas cru tout de suite. D'autant que la direction de Powerball avait d'abord annoncé par erreur que le billet gagnant avait été vendu non à Chicopee, mais dans une autre ville de l'Etat du Massachusetts.
"J'étais en train de quitter mon travail" avec un collègue, a expliqué Wanczyk. "Il a dit, je parie que quelqu'un a gagné avec des dates d'anniversaires. Et j'ai dit, ouais, ce ne sera jamais moi, c'est juste un rêve impossible que j'ai depuis toujours".
Il s'est mis à lire les numéros gagnants, elle a regardé son ticket. "Et j'ai dit, eh, c'est ceux que j'ai!"
A suivi un léger état de choc. "Je ne pouvais aller nulle part, je ne pouvais rien faire". Son collègue, un ami de longue date, l'a suivie "pour s'assurer que je rentrais saine et sauve chez moi".
Sans réfléchir très longtemps, "j'ai appelé (mon travail) et je leur ai dit que je ne reviendrai pas", a-t-elle expliqué sous les rires et les applaudissements.
Sur le plan financier, cette mère de deux enfants déjà adultes, qui ont vu leur père mourir dans un accident de voiture en 2016, était habituée jusqu'à présent à "se débrouiller" avec ce qu'elle avait.
Être soudainement propulsée dans le cercle des Américains les plus riches va lui demander un temps d'adaptation.
"La première chose que je veuille faire, c'est juste me poser et me détendre", a-t-elle expliqué en souriant. "J'ai gagné, j'ai peur, mais ça va aller".
"Je suis encore en train de descendre de mon nuage et je veux juste être moi, être seule et pouvoir décider ce que je veux faire", a-t-elle ajouté, en précisant avoir décidé de sortir de l'anonymat pour "en finir" et qu'on la laisse tranquille.
Comme tous les vainqueurs de gros lots, Mavis Wanczyk a pris une première décision: elle a préféré, plutôt que percevoir le magot en une série de versements étalés sur 30 ans, toucher immédiatement un versement unique, moins élevé que les 758,7 millions de dollars auxquels elle pouvait prétendre.
A cause de ce choix, elle recevra donc 480,5 millions de dollars, soit 336 millions après impôts, selon le Boston Globe.
Elle devra ensuite savoir résister aux sirènes de ceux qui vont "essayer de lui recommander toutes sortes de choses qu'elle pourrait faire avec son argent", comme l'a prévenue Deborah Goldberg, responsable du Trésor du Massachusetts, lors du point presse.
Les recommandations ont commencé dès jeudi matin. Le patron de la chaîne de stations-service qui a vendu le billet gagnant, Bob Bolduc, avait, avant même de connaître son nom, appelé le gagnant du jackpot "à le partager correctement" avec des œuvres caritatives.
Cette victoire est une bonne nouvelle pour ce chef d'entreprise, qui avait déjà vendu deux billets vainqueurs de quatre millions de dollars chacun au cours des 12 derniers mois, a-t-il souligné. Il s'attend désormais à "une hausse des ventes de billets dans toute la chaîne".
La cagnotte empochée par Mme Wanczyk est la deuxième plus importante de l'histoire de la loterie américaine, derrière celle de janvier 2016 qui avait atteint 1,58 milliard de dollars.
Mais trois billets comportaient alors les cinq bons numéros et le numéro complémentaire, et il avait alors fallu partager le magot. Chacun des vainqueurs était reparti avec 528,8 millions de dollars.