Avec cette menace, Donald Trump qui prendra ses fonctions le 20 janvier, maintient une pression sans précédent sur les grands groupes industriels pour qu'ils restent aux Etats-Unis.
C'est à nouveau par un tweet rageur que le président élu s'en est pris jeudi au numéro 1 mondial de l'automobile, l'accusant de vouloir construire une usine au Mexique pour y fabriquer des voitures destinées au marché américain.
"PAS QUESTION! Construisez des usines aux Etats-Unis ou payez d'importantes taxes à la frontière", a tweeté Trump, après avoir déjà agité une menace similaire à l'encontre de l'Américain General Motors, mardi.
Dans son message, le futur président américain commet une petite confusion en faisant référence à une "nouvelle usine" que le groupe japonais projette de construire à "Baja, Mexico", alors que le site existe déjà depuis 2002. Toyota en construit bien une, mais dans une autre région du Mexique, le Bajio.
A la Bourse de Tokyo, vendredi, Toyota a fini en baisse de 1,68% après avoir momentanément cédé plus de 3%, Nissan a terminé en repli de 2,20% et Honda de 1,90%.
Avec cette nouvelle menace, Donald Trump, qui a déjà totalement chamboulé les règles du jeu pendant sa campagne électorale, continue de dynamiter les usages politiques en s'en prenant publiquement aux grandes entreprises, une pratique jusque-là rare aux Etats-Unis.
Sur Twitter mardi, le futur président avait ainsi sommé General Motors, le premier constructeur américain, de fabriquer aux Etats-Unis ses voitures destinées au marché américain, sous peine de payer une "lourde taxe frontalière".
Sonné, le groupe de Detroit (nord) avait immédiatement publié un communiqué pour assurer que seule une infime partie de sa production mexicaine arrivait sur le marché américain.
Egalement durement critiqué par Trump pour ses délocalisations, le groupe américain Ford a abdiqué en renonçant, mardi, à construire une usine au Mexique, pour investir dans une installation déjà existante dans le Michigan (nord des Etats-Unis) et y créer 700 emplois.
Avant même sa prise de fonctions, Trump cherche ainsi à dissuader les constructeurs automobiles d'utiliser l'accord Aléna qui leur permet, sous certaines conditions et sans droits de douane, d'exporter des marchandises produites au Mexique vers les Etats-Unis
Pendant la campagne, cet accord de libre-échange signé en 1994, auquel le Canada est également associé, a été inlassablement attaqué par Trump qui a promis de le renégocier ou de le dénoncer purement et simplement.
"Nous sommes pragmatiques, nous nous adapterons à n'importe quelle situation, à la condition que ce soit la même règle pour tous", a toutefois relativisé jeudi le patron de l'alliance Renault-Nissan, Carlos Ghosn, interrogé lors d'une conférence de presse sur le risque d'une fermeture des frontières américaines.
"Rien ne s'est passé jusqu'ici", a-t-il toutefois noté. "Ce que j'entends dans le programme du président élu, ce sont deux choses: l'Amérique d'abord, et les emplois aux Etats-Unis. (...). Il n'y a rien d'incompatible avec ce que nous faisons".
La filière automobile, qui se réunit la semaine prochaine au Salon automobile de Detroit, semble être la cible privilégiée de Donald Trump, mais elle n'est pas la seule à subir ses attaques.
Il s'en était pris en décembre au groupe américain de défense Lockheed Martin en raison du coût de son avion de chasse F-35, qui serait "hors de contrôle", et à l'avionneur américain Boeing, accusé de construire un avion présidentiel trop coûteux. "Les coûts s'envolent, plus de quatre milliards de dollars. Annulez la commande!", avait-il tweeté.
Ces remontrances ont un effet direct: la baisse du titre en Bourse et la disparition de millions de dollars de capitalisation boursière.
Avec cette nouvelle attaque,Trump passe un nouveau palier en s'en prenant pour la première fois à un groupe étranger, montrant que son courroux ne s'arrêtera pas aux frontières.
En tous cas, l'offensive est doublement ironique pour le géant japonais.
Selon le Wall Street Journal, le PDG de Toyota venait tout juste d'afficher sa proximité avec le président élu américain. "Si vous regardez sur le long terme, nous allons dans la même direction", avait déclaré Akio Toyoda devant la presse.
Enfin, l'usine que le groupe fait construire au Mexique sera sans aucun impact sur l'emploi aux Etats-Unis que Trump affiche comme une priorité. En effet, dans son dernier rapport financier, le groupe japonais assurait que la production du modèle Corolla visé par Trump serait transférée du Canada vers le Mexique.
"Le volume de production ou d'emploi aux Etats-Unis ne diminuera pas du fait de notre nouvelle usine" mexicaine, a réagi le groupe nippon, assurant faire partie "du tissu social" américain depuis près de soixante ans.