Plusieurs cellules jihadistes, composées d’éléments extrémistes et armés algériens, ont été démantelées par les services sécuritaires espagnols et des "loups solitaires" affiliés à l’organisation terroriste Daech ont été arrêtés. Les milieux politiques espagnols soupçonnent à cet effet la connexion "immigration clandestine-terrorisme" qui aurait des origines algériennes, car l’assaut de migrants algériens sur les côtes espagnoles ces derniers temps a pris une ampleur exceptionnelle.
Des partis politiques, des euro-députés et des experts en terrorisme tirent la sonnette d’alarme sur une situation qu’ils jugent intenable qui, de toute évidence, fait planer un sentiment d’insécurité en Espagne et partout en Europe.
Selon l’Observatoire international d'études sur le terrorisme, instance publique spécialisée dans les recherches et les statistiques sur le terrorisme en Espagne, pas moins de cinq opérations sécuritaires ont été menées récemment par la police nationale contre les foyers d’extrémistes algériens en Espagne et qui se sont soldées par l’arrestation d’une quinzaine d’affiliés à Daech.
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La dernière opération policière espagnole ciblant des Daechiens algériens a eu lieu mercredi dernier avec le démantèlement d’un groupe terroriste composé de cinq personnes s’activant à Madrid et Barcelone.
Les personnes arrêtées bénéficiaient de l'aide d'un individu qui, depuis l'Algérie, coordonnait les actions des nouveaux terroristes ayant accédé en Espagne pour qu’ils ne soient pas détectés par les services de sécurité. Les membres du groupe agissaient sous les ordres de cet individu qu'ils appelaient "Cheikh" et qui les a rejoints plus tard en mars dernier en Espagne à bord d’une embarcation pneumatique.
Selon les experts, la majorité des membres de ces réseaux terroristes sont arrivés en Espagne à bord d’embarcations pneumatiques profitant de la négligence, voire la connivence des autorités algériennes qui ferment les yeux sur la recrudescence de ce phénomène. D’après des statistiques fournies par les autorités locales, plus de 15.000 Algériens ont pris la mer pour rejoindre les côtes espagnoles depuis janvier 2021, et parmi ceux-ci, près de 500 personnes ont perdu la vie.
Cette situation n’est pas sans inquiéter les dirigeants politiques espagnols. Pour le parti d'extrême-droite Vox, la présence d’Algériens radicalisés en Espagne "constitue une menace pour la sécurité nationale". Le parti de Santiago Abascal, troisième force politique dans le pays ibérique, déplore le fait que "l’Espagne est devenue une destination privilégiée pour les criminels et les terroristes en provenance d’Algérie qui parviennent à atteindre l’Espagne à travers les embarcations pneumatiques".
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Vox a également entrepris plusieurs initiatives parlementaires exigeant des informations sur les djihadistes algériens "infiltrés" parmi les réseaux de migrants qui tentent d'atteindre les côtes espagnoles, appelant les autorités algériennes à assumer leur responsabilité pour endiguer ce phénomène qui prend une ampleur inédite.
Le Parti populaire espagnol (PP) a, de son côté, appelé à une réponse européenne forte, devant cet afflux massif de migrants clandestins algériens sur les côtes espagnoles, "un phénomène portant atteinte à la sécurité de l’Espagne et de l’ensemble des pays européens".
A travers son eurodéputée, Rosa Estaras, le parti présidé par Pablo Casado a adressé une lettre à la Commission Européenne l’appelant à prendre en considération les "risques posés à notre sécurité" par cette montée en puissance du nombre de migrants clandestins algériens qui affluent sur l’Espagne et le glissement de l’immigration illégale vers des fins terroristes.
Dans la même veine, le juriste espagnol Miguel Angel Puyol, spécialisé dans les affaires du Maghreb, a souligné qu’un nombre important d’Algériens radicalisés détenus en Espagne étaient connus et surveillés par les services de sécurité algériens avant d’embarquer vers les côtes espagnoles de manière illégale.
"Pourquoi ces extrémistes n'ont-ils pas été arrêtés dans leur propre pays?". "Et pourquoi les services concernés en Algérie n'informent-ils pas leurs homologues espagnols?", s’interroge Miguel Angel Puyol, assurant que la protection de la sécurité des Espagnols doit être une priorité du gouvernement de Madrid.
"Les intérêts économiques et commerciaux ou la dépendance envers le gaz algérien ne doivent, en aucun cas, primer sur la préservation des vies humaines", a-t-il affirmé, dans une déclaration à la MAP. Dans ce même contexte, il a déploré la négligence des autorités algériennes qui ne s’acquittent pas de leur mission et de leur responsabilité et qui refusent de coopérer pour lutter contre le terrorisme dans la région.