Syrie: la moitié d'Alep sous contrôle des forces jihadistes et rebelles, selon une ONG

Deux combattants anti-régime tiennent une position à la périphérie de la ville d'Alep, dans le nord du pays, le 29 novembre 2024.

Deux combattants anti-régime tiennent une position à la périphérie de la ville d'Alep, dans le nord du pays, le 29 novembre 2024. AFP or licensors

Les jihadistes et leurs alliés ont pris le contrôle de la moitié d’Alep, la deuxième ville de Syrie, après deux jours d’une offensive éclair contre les forces gouvernementales, a indiqué une ONG samedi.

Le 30/11/2024 à 07h36

«La moitié de la ville d’Alep est désormais sous le contrôle (du groupe jihadiste) Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et des factions alliées», a déclaré à l’AFP le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Les jihadistes et leurs alliés ont atteint la citadelle historique d’Alep après que les forces du régime syrien se sont retirées «sans combat» au cours de cette dernière phase, a indiqué le directeur de l’ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.

Les combattants jihadistes étaient entrés vendredi à Alep après deux jours d’une offensive qui met fin à des années de calme relatif dans le nord-ouest syrien.

Ces combats ont fait au moins 277 morts, selon un bilan donné plus tôt par l’OSDH, et sont les plus violents depuis 2020 dans la région, où la province d’Alep, en grande partie tenue par le régime de Bachar al-Assad, jouxte le dernier grand bastion rebelle et jihadiste d’Idleb.

Les rebelles ont aussi pris le contrôle de la ville stratégique de Saraqeb, au sud d’Alep, à l’intersection de deux autoroutes reliant Damas à Alep et à Lattaquié, selon l’ONG.

Raids intensifs

Vendredi, deux témoins ont déclaré à l’AFP avoir vu des hommes armés à Alep et fait état de scènes de panique dans la grande ville du nord.

Un correspondant de l’AFP à Alep a fait état d’affrontements entre les assaillants et les forces syriennes et des groupes les soutenant.

Selon l’OSDH, le groupe jihadiste HTS et des formations alliées, certaines proches de la Turquie, étaient parvenus vendredi aux portes de la ville après «deux attentats-suicide avec des voitures piégées». Ils ont ensuite progressivement pris le contrôle d’une nombre croissant de quartiers, indique cette source.

L’armée syrienne, qui a déployé des renforts à Alep, selon un responsable de la sécurité, avait assuré avoir repoussé «la grande offensive des groupes terroristes» et regagné plusieurs positions.

L’armée russe a elle annoncé que son aviation bombardait des groupes « extrémistes » en Syrie, en soutien aux forces du régime, selon les agences russes. L’aviation syrienne a aussi lancé des raids intensifs sur la région d’Idleb, a indiqué l’OSDH.

Roquettes et obus

Pendant la guerre civile qui a éclaté en 2011, a fait plus d’un demi-million de morts et déplacé des millions de personnes, HTS, dominé par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, avait pris le contrôle de pans entiers de la province d’Idleb, et des territoires voisins dans les régions d’Alep, Hama et Lattaquié.

Le régime syrien a repris en 2015 le contrôle d’une grande partie du pays avec l’appui de ses alliés russes et iraniens. Ses forces, soutenues par l’aviation russe, avaient repris en 2016 la partie est d’Alep aux insurgés, après des bombardements dévastateurs.

Le nord de la Syrie bénéficiait ces dernières années d’un calme précaire rendu possible par un cessez-le-feu instauré après une offensive du régime en mars 2020.

La trêve a été parrainée par Moscou avec la Turquie, qui soutient certains groupes rebelles syriens à sa frontière.

L’offensive a permis aux jihadistes de conquérir environ 70 localités depuis mercredi, dont une vingtaine vendredi, parmi lesquelles Saraqeb, selon l’OSDH.

«Pour la première fois depuis près de cinq ans, nous entendons les roquettes et des obus d’artillerie tout le temps, et parfois les avions», a décrit Sarmad, un habitant de 51 ans joint par téléphone par l’AFP. «On a peur que le scénario de la guerre se répète et d’être obligés de fuir nos maisons».

Soutien de l’Iran

Sans pouvoir expliquer la rapidité de l’avancée des jihadistes, Rami Abdel Rahmane s’est demandé si les troupes du régime d’Assad «étaient dépendantes du Hezbollah, actuellement occupé au Liban». Le Hezbollah, groupe libanais pro-iranien et allié à Damas a été fortement affaibli par la guerre avec Israël au Liban, qui a été arrêtée mercredi par un cessez-le-feu.

Autre allié indéfectible de la Syrie, l’Iran a réitéré son «soutien continu» au pays, où il s’est engagé militairement pour soutenir le président Assad durant la guerre civile.

Le Kremlin a appelé vendredi les autorités syriennes à «mettre de l’ordre au plus vite» à Alep.

Le chef du «gouvernement» autoproclamé à Idleb, Mohammad al-Bachir, a justifié jeudi l’offensive en accusant le régime d’avoir «commencé à bombarder les zones civiles, ce qui a provoqué l’exode de dizaines de milliers de civils».

Selon le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), les violences ont déplacé «plus de 14.000 personnes, dont près de la moitié sont des enfants».

Par Le360 (avec AFP)
Le 30/11/2024 à 07h36