Le gouverneur modéré John Kasich a créé la surprise en arrivant deuxième chez les républicains. Le sénateur de Floride Marco Rubio est arrivé 5e, payant le prix d'un mauvais débat samedi. M. Sanders, sénateur "démocrate-socialiste" de 74 ans, qui avait démarré sa campagne sans argent et sans soutien il y a neuf mois, a remporté 59% des suffrages démocrates, contre 39% à Mme Clinton, selon des résultats partiels portant sur 75% des votes.
L'ancienne secrétaire d'Etat a reconnu qu'elle avait encore du travail à faire, notamment chez les jeunes, et a promis de se battre "pour chaque vote, dans chaque Etat". Elle était donnée perdante dans le New Hampshire, voisin de l'Etat du Vermont dont M. Sanders est sénateur, mais espérait un écart moindre. Côté républicain, Donald Trump, le milliardaire de l'immobilier dénonçant l'incompétence des dirigeants politiques à coup de déclarations incendiaires, a obtenu 34% des voix.
"Les gens veulent un vrai changement"
"Nous allons rendre à l'Amérique sa grandeur", s'est félicité le flamboyant milliardaire, novice en politique. "Je serai le président le plus grand en matière d'emplois que Dieu ait jamais créé", a-t-il ajouté. "Les gens veulent un vrai changement", a déclaré pour sa part Bernie Sanders, grand pourfendeur de Wall Street et apôtre d'une révolution politique. "Les gens du New Hampshire ont envoyé un profond message à l'establishment politique", a-t-il ajouté.
La défaite de Mme Clinton est d'autant plus cuisante qu'elle avait gagné le New Hampshire en 2008 face à Barack Obama. Son mari, l'ancien président Bill Clinton, était venu ces derniers jours appuyer sa campagne, critiquant violemment M. Sanders.
John Kasich, gouverneur modéré de l'Ohio, est arrivé deuxième des républicains à 16%. Il avait mené une campagne intense dans le New Hampshire, la plupart du temps loin des projecteurs, choisissant un ton résolument positif quand les autres républicains s'insultaient copieusement.
"L"homme qui gagne"Le sénateur ultra-conservateur du Texas Ted Cruz, gagnant de l'Iowa, est arrivé 3e à 12%, talonné par l'ancien gouverneur de Floride Jeb Bush. Le télégénique sénateur de Floride Marco Rubio, qui s'est ridiculisé samedi dans un débat républicain en répétant mécaniquement la même phrase critiquant Barack Obama, a expliqué sa cinquième place par ce mauvais débat. "Notre déception ce soir n'est pas à cause de vous. C'est à cause de moi. Je n'ai pas réussi samedi soir".
Le tout petit New Hampshire (1,3 million d'habitants) était le deuxième Etat américain à voter dans le long processus, Etat par Etat, qui va permettre de désigner cet été les deux candidats, démocrate et républicain, à la Maison Blanche. Mme Clinton ne l'avait emporté que d'un cheveu dans l'Iowa devant Bernie Sanders. M. Trump y était arrivé deuxième. Il lui fallait effacer cette humiliation et montrer dans le New Hampshire qu'il était bien l'homme "qui gagne" comme il le répète à l'envi.
Sa campagne a capitalisé sur la colère des Américains blancs modestes se sentant laissés pour compte. Bernie Sanders a aussi utilisé cette colère, dénonçant les inégalités qui se sont creusées aux Etats-Unis, plaidant pour l'université gratuite et une assurance maladie pour tous.
Participation massive
En dépit de la neige et du froid, la participation a été massive. L'Etat du New Hampshire est très important de par sa deuxième place dans le processus des primaires présidentielles américaines: c'est lui qui donne une tendance, contraint les plus faibles à l'abandon. Le gouverneur républicain du New Jersey, Chris Christie, arrivé 6e, a d'ailleurs annoncé qu'il rentrait chez lui.
Après le vote de mardi, la bataille des primaires est assurée de durer, tant chez les républicains que chez les démocrates. Les cartes pourraient encore être rebattues, si l'ancien maire de New York Michael Bloomberg décidait, comme il l'a envisagé, de se lancer comme indépendant.
Les regards vont désormais se tourner vers le Nevada et la Caroline du Sud, prochains Etats à voter fin février.