"L'EI cherche à détruire toute coexistence religieuse", écrit Le Monde dans un article publié sur son site Internet, notant que le meurtre du prêtre s’inscrit dans la stratégie et la propagande du groupe, qui fait du choc et de la guerre contre les "croisés" l’un des marqueurs de son identité.
"Non content d’avoir éradiqué la présence chrétienne dans les territoires qu’elle contrôle – à commencer par la plaine de Ninive, en Irak, un berceau du christianisme –, l’EI a toujours symboliquement présenté son combat contre l’Occident comme une guerre religieuse, en plus de celle qu’il mène contre l’islam chiite", souligne la publication.
L'éditorialiste du Parisien, qui titre "Garder la foi", indique que "de plus en plus lâches, toujours aussi sanglants, répétés au-delà de l'écœurement, les coups de Daesh font souffrir les corps et les âmes", estimant que "les plaies ne se refermeront jamais, d'autres horreurs viendront bouleverser notre quotidien".
"Face à ces agressions révoltantes, les Français, c'est tout à leur honneur, résistent encore à l'esprit de la vengeance", poursuit l'éditorialiste qui appelle à garder la foi en les valeurs et institutions républicaines.
Dans un éditorial intitulé "Nos armes", Libération écrit que "ce dernier attentat est loin d’être aussi sanglant que le précédent, mais il nous sidère encore", ajoutant que commandité ou pas, douze jours après Nice, l’EI trouve le moyen de s’attaquer, en France, à un nouveau symbole, donnant à chaque mesure antiterroriste imaginée après l’horreur un caractère dérisoire et inutile.
La publication rappelle que depuis 2012, les jihadistes auront donc tué des enfants et des adultes, des juifs, des musulmans et des catholiques, des dessinateurs athées, des militaires et des policiers, des fêtards et des promeneurs du 14 Juillet, notant que "cette succession d’attentats, tous différents, donne l’impression que l’EI nous amène inexorablement sur son terrain, comme si l’organisation dictait la règle du jeu et anticipait les mouvements paniqués de ses adversaires".
Alors que Nice panse à peine les plaies de la tragédie qui l’a endeuillée le 14 juillet dernier, la France chavire une nouvelle fois dans l’épouvante, indique, de son côté, Le Figaro, relevant que repoussant les limites de l’indicible, les barbares de Daech ont réussi à frapper une église catholique, lieu symbolique de fraternité et de tolérance.
L’ensemble de la communauté chrétienne, sidérée par la barbarie de l’attaque, est en proie à une incommensurable tristesse, ajoute le journal, estimant que l’organisation État islamique, qui a revendiqué leur équipée via son organe de propagande Amaq, a envoyé un message clair : "ses soldats peuvent passer à l’action partout où ils l’entendent. Jusqu’au cœur de nos provinces".
Déjà visée par une tentative d’attentat à Villejuif (Val-de-Marne en région parisienne) l’an dernier, l’Église catholique savait qu’elle figurait parmi les cibles des djihadistes, relève, La Croix, faisant observer que l’hypothèse d’une attaque de Daesh contre un lieu de culte chrétien était redoutée en France.
Le quotidien rappelle qu'avant l'attentat de mardi, le ministère de l’Intérieur et les responsables de l’Église catholique craignaient particulièrement qu’une attaque ait lieu à Noël ou durant la semaine de Pâques, dates hautement symboliques pour les chrétiens et synonymes d’églises combles.
Deux assaillants ont pris mardi matin en otages cinq personnes dans une église près de Rouen. Ils ont tué un prêtre, blessé trois personnes dont une grièvement, avant d'être abattus. Le groupe État islamique a revendiqué cette attaque.
Le procureur de la république de Paris, François Mollins a indiqué, mardi soir, que l’un des assaillants a été identifié. Il s’agit d’un jeune, âgé de 19 ans et originaire du département de Seine-Maritime (nord-ouest), qui avait tenté par deux fois en 2015 de gagner la Syrie. L’individu était connu de la justice antiterroriste française et avait été libéré de prison sous contrôle judiciaire en mars dernier.