Âgé de 49 ans, cet homme qui était soutenu par des partis du centre est le plus jeune chef d’Etat jamais élu à la tête de Chypre. Il entrera en fonctions le 1er mars.
Il a obtenu 51,97% des suffrages (soit 204.867 voix) contre 48,03% pour son rival, Andreas Mavroyiannis, soutenu par le parti communiste Akel, selon les derniers chiffres du service électoral du gouvernement. Le taux de participation s’est élevé à 72,4%.
Après l’annonce de sa victoire, M. Christodoulides a dit souhaiter un gouvernement «50-50», avec un nombre égal de femmes et d’hommes, et qui puisse bénéficier d’une «large adhésion sociale». Deux femmes seulement sont actuellement dans le cabinet du président sortant Nicos Anastasiades.
Dans ces déclarations de presse, il a dit vouloir rencontrer les leaders des partis Disy (droite) et Akel, alors qu’il a été élu sans l’appui d’aucun de ces deux poids lourds du paysage politique chypriote.
L’élection avait été présentée comme serrée: Nikos Christodoulides, chef de la diplomatie entre 2018 et 2022, était arrivé en tête au premier tour, le 5 février, avec 32,04% des suffrages, devançant de peu un autre diplomate chevronné, Andreas Mavroyiannis, 66 ans (29,59%), ancien ambassadeur en France et en Irlande.
Les deux se présentaient comme indépendants.
Forte inflation
Le nouveau président succède au conservateur Nicos Anastasiades, 76 ans, qui achève deux mandats de cinq ans et dont il était réputé très proche.
Après la défaite de son candidat au premier tour, le parti de M. Anastasiades, Disy, qui a exclu M. Christodoulides pour s’être porté candidat contre l’avis du parti, avait refusé de donner des consignes de vote, laissant le jeu ouvert.
Lire aussi : Vidéo. Crise en Méditerranée: après les tensions, Ankara et Athènes optent pour un apaisement
La hausse des prix de l’énergie et de la nourriture reste en tête des préoccupations des Chypriotes. L’inflation a atteint 10,9% en 2022, avant un ralentissement en janvier, à 7,1%.
Les communistes, qui ont soutenu M. Mavroyiannis, ont été très critiqués pour leur gestion de la crise financière de 2012-2013, qui a failli précipiter Chypre, pays membre de la zone euro, dans la faillite.
Vasso Pelekanou, une femme de 47 ans interrogé à un bureau de vote à Nicosie, estime que le nouveau président devrait aider les classes moyennes, abandonnées selon elle par le gouvernement sortant. «Les riches sont devenus encore plus riches», déplore-t-elle.
Lutte contre la corruption
Dora Petsa, 75 ans, une retraitée, attendait elle du futur président «qu’il règle la question chypriote [la division de l’île] pour qu’on puisse vivre ensemble avec les Chypriotes-Turcs».
Le nouveau chef de l’Etat sera ainsi appelé à relancer les pourparlers sur la réunification de l’île, à l’arrêt depuis 2017. Chypre est divisée depuis l’invasion par la Turquie en 1974 de son tiers nord, en réponse à un coup d’Etat de nationalistes chypriotes-grecs qui souhaitaient rattacher le pays à la Grèce.
Lire aussi : Sahara marocain: la République de Chypre exprime son soutien au plan d'autonomie
La République de Chypre n’exerce son autorité que sur la partie sud de l’île, séparée par la Ligne verte [une zone démilitarisée contrôlée par l’ONU] de la République turque de Chypre-Nord (RTCN), autoproclamée et reconnue seulement par Ankara.
M. Mavroyiannis, ancien chef des négociateurs chypriotes-grecs dans les pourparlers sur la réunification (2013-2022), avait promis s’il est élu de rouvrir les discussions dès le premier jour. M. Christodoulides affiche une position plus dure.
La lutte contre la corruption a dominé aussi le débat électoral, notamment après le scandale des «passeports en or». Ce programme d’octroi de passeports contre des investissements sur l’île a dû être annulé en raison d’allégations de corruption.
Autre sujet sensible sur cette île proche des côtes du Moyen-Orient et de la Turquie: l’afflux de migrants, pour lequel les deux candidats avaient promis d’agir. Les autorités affirment que 6% des 915.000 personnes vivant dans le sud de l’île sont des demandeurs d’asile.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a félicité M. Christodoulides sur Twitter, disant espérer continuer à coopérer sur des «sujets importants pour Chypre», en ouvrant notamment la voie vers «une solution au problème chypriote».
Le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a également adressé ses félicitations au président élu au cours d’un entretien téléphonique avec M. Christodoulides, selon l’agence de presse grecque Ana.