«L’objectif d’un réchauffement de 1,5°C», retenu en 2015 à Paris, est «toujours à portée de main», mais il se heurte à «de nombreux défis», a mis en garde le directeur de l’AIE, Fatih Birol, lors d’une réunion internationale sur le climat et l’énergie tenue le lundi 2 octobre à Madrid, en Espagne.
Parmi ces défis, «celui qui me semble le plus important» est «la fragmentation géopolitique du monde», qui constitue «un obstacle majeur» pour l’atteinte de cet objectif, a poursuivi M. Birol devant une quarantaine de ministres et hauts responsables mondiaux des secteurs énergétiques et environnementaux.
D’après le responsable de l’AIE, les investissements «dans le domaine technologique et les énergies propres» connaissent actuellement «une très forte croissance». Mais «le manque de coopération internationale est un grave problème. Nous devons trouver le moyen de mettre de côté les tensions géopolitiques» entre pays, a-t-il plaidé.
«Course contre la montre»
Les sources de crispation au sein de la communauté internationale se sont multipliées ces derniers mois, en raison notamment de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et de la rivalité croissante entre les Etats-Unis et la Chine, qui font craindre de voir la question climatique passer au second plan.
La 28ème Conférence sur le climat des Nations unies (COP28), qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï (Emirats arabes unis), sera l’occasion de faire le point sur les engagements des pays pour tenir les objectifs de l’accord de Paris.
«Le processus de transition verte doit être accéléré: c’est une course contre la montre», a insisté la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, à l’issue de la réunion de Madrid, estimé toutefois qu’il y avait encore «de la place pour l’optimisme» concernant la COP28.
Selon l’AIE, plusieurs conditions devront être remplies pour que la conférence de Dubaï puisse être considérée comme un succès. Parmi elles figure un triplement des investissements dans les renouvelables et un mécanisme de financement pour soutenir les énergies propres dans les pays en développement.
En novembre 2022, la COP27 organisée en Egypte s’était terminée sur un compromis actant le principe d’un fonds spécifique pour les pays vulnérables. Mais aucune avancée n’avait été obtenue sur la sortie des énergies fossiles, jugée urgente par l’AIE au vu de la situation climatique.
Les mois de « juillet et août » ont été « peut-être les plus chauds de l’histoire, et il semble que 2023 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée », a rappelé lundi Fatih Birol, alors que les catastrophes climatiques (canicules, inondations, incendies...) se multiplient sur tous les continents.