L’explosion s’est produite lundi à l’heure de la prière du midi dans ce lieu extrêmement sensible de la ville, située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec l’Afghanistan et où la situation sécuritaire s’est dégradée ces derniers mois.
Dans la nuit, au moins neuf corps ont été découverts dans les décombres de la mosquée, dont le toit et un mur se sont écroulés sous le souffle de l’explosion.
«Ce matin, nous allons enlever la dernière partie du toit effondré pour pouvoir récupérer plus de corps. Mais nous sommes pessimistes sur nos chances de trouver d’autres survivants», a déclaré à l’AFP Bilal Ahmad Faizi, un porte-parole du numéro d’urgence 1122.
Muhammad Asim Khan, porte-parole de l’hôpital Lady Reading de Peshawar, a indiqué à l’AFP que le bilan était passé à 83 morts, au fur et à mesure de la découverte de nouveaux corps.
Ghulam Ali, gouverneur de la province du Khyber Pakhtunkhwa, dont Peshawar est la capitale, avait annoncé la veille que 150 personnes avaient été blessées. La plupart des victimes sont des policiers.
Au moins 20 policiers ont été enterrés lundi soir lors d’une cérémonie avec garde d’honneur, leurs cercueils alignés et ceints du drapeau pakistanais, a précisé à l’AFP un responsable de la police.
Aucun groupe n’a encore revendiqué l’attentat.
Le Pakistan est confronté depuis quelques mois, en particulier depuis la prise du pouvoir par les talibans en Afghanistan en août 2021, à une détérioration de la sécurité.
Après plusieurs années d’un calme relatif, les attentats ont repris de plus belle, menés par les talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), l’EI-K, la branche régionale du groupe jihadiste Etat islamique (EI), ou des groupes séparatistes baloutches.
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«Créer la panique»
Le quartier général de la police à Peshawar est l’une des zones les mieux surveillées de la ville. Il abrite aussi les locaux de différentes agences de renseignement.
Selon la police, l’explosion est survenue au deuxième rang des fidèles rassemblés pour la prière.
Shahid Ali, un policier de 47 ans qui a survécu à l’attaque, a expliqué à l’AFP que la détonation était survenue quelques secondes après que l’imam a commencé la prière.
«J’ai vu une fumée noire s’élever dans le ciel. J’ai couru dehors pour sauver ma vie», a-t-il raconté. «Les cris des gens résonnent encore dans ma tête. Ils hurlaient en demandant de l’aide.»
La capitale et le reste du pays, notamment à la frontière avec l’Afghanistan, ont été placés sous alerte sécurité encore accrue.
Visite officielle annulée
«Les terroristes veulent créer la panique en ciblant ceux qui remplissent leur devoir consistant à défendre le Pakistan», a déclaré dans un communiqué le Premier ministre, Shehbaz Sharif. «Ceux qui combattent le Pakistan seront éliminés de la surface de la Terre.»
Cet attentat a eu lieu le jour même où le président des Emirats arabes unis, Mohamed ben Zayed Al Nahyan, devait effectuer une visite officielle à Islamabad. Celle-ci a été annulée au dernier moment lundi, officiellement en raison de la météo pluvieuse.
A New York, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a dénoncé une attaque «abjecte» contre «un lieu de culte».
Peshawar a été ravagée par des attentats quasi quotidiens pendant la première moitié des années 2010, mais la sécurité s’y était grandement améliorée ces dernières années. Elle s’est à nouveau dégradée depuis quelques mois.
En mars 2022, un attentat suicide revendiqué par l’EI-K dans une mosquée chiite de Peshawar avait fait 64 morts. Il s’agissait de l’attaque la plus meurtrière au Pakistan depuis 2018.