L'objectif de ce rendez-vous diplomatique inédit, confirmé dimanche par la présidence française, est de "créer les conditions d'une sortie de crise" en Libye, en "responsabilisant tous les acteurs nationaux et internationaux".
Jusqu'à présent, tous les efforts engagés ont échoué à stabiliser ce pays d'Afrique du nord depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi à la suite des Printemps arabes et de l'intervention occidentale lancée en mars 2011.
Pour tenter d'y parvenir, le président français accueillera, durant trois heures mardi matin, les quatre principaux dirigeants rivaux: le Premier ministre Fayez al-Sarraj, le maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l'est du pays, le président de la Chambre des représentants Aguila Salah Issa et celui du Conseil d'Etat Khaled al-Mishri. Ils ont donné leur accord pour signer une déclaration qui "fixe le cadre d'un processus politique" prévoyant la tenue d'élections législatives et présidentielle, si possible d'ici la fin de l'année, selon la présidence.
Cet engagement sera pris en présence de représentants de 19 pays impliqués dans le dossier: les cinq pays membres du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni et France), l'Italie, ancienne puissance coloniale, les pays voisins (Egypte, Tunisie, Tchad), les puissances régionales (Emirats, Qatar, Koweit, Turquie, Algérie, Maroc). Le président congolais Denis Sassou-Nguesso, qui dirige le comité de haut niveau de l'Union africaine sur la Libye, sera présent aux côtés du chef de la mission de l'ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, chargé de superviser le processus.
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Ainsi sera actée "la responsabilité de la communauté internationale" sur l'avenir de la Libye, où la menace jihadiste reste présente, tandis que les trafics d'armes, de drogue et d'êtres humains y prospèrent en l'absence de toute autorité de l'Etat.
L'inquiétude avait poussé Emmanuel Macron à faire de la Libye l'une des priorités de sa politique internationale, très tournée vers le Sahel. Il avait ainsi organisé en juillet 2017 une rencontre entre MM. Sarraj et Haftar près de Paris. Depuis, les efforts diplomatiques se sont poursuivis, menés par l'ONU et les pays d'Afrique du Nord, et aujourd'hui "le diagnostic que le statu quo n'est pas tenable en Libye est partagé par tous", précise la source diplomatique.
Dans le pays même, "il y a des attentes très fortes dans la population pour que des élections, notamment la présidentielle, se tiennent", souligne-t-elle. En témoigne le succès de la campagne d'inscription sur les listes électorales, avec l'enregistrement de 2,7 millions de Libyens, dont 43% de femmes, sur les six millions d'habitants. Parallèlement, "la situation sécuritaire s'est améliorée" même si "elle reste très instable", indique-t-on à l'Elysée.
Le maréchal Haftar a ainsi récemment lancé une opération pour "libérer" Derna, une ville côtière à 1.000 km à l'est de Tripoli contrôlée par une coalition hétéroclite de milices islamistes et jihadistes, notamment proches d'Al-Qaïda.
Dans ce pays où les milices, comme celle de la ville de Misrata, font la loi, l'unification des forces de sécurité est l'un des objectifs de la feuille de route qui devrait être actée mardi. Le processus politique devra aussi s'attacher à simplifier les institutions pour que ne subsistent qu'une seule Banque centrale et un seul Parlement.
Le plan d'action de l'ONU prévoit en outre qu'un projet de Constitution puisse être soumis à référendum, ce qui pourrait repousser la tenue des élections. Un tel report est souhaité par certains responsables qui insistent sur la nécessité de d'abord mener à bien la réconciliation nationale.