Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a confirmé la percée ukrainienne près de Bakhmout, où ses hommes sont en première ligne, accusant l’armée régulière russe, qui tient les flancs, d’avoir «fui» ses positions.
«La prise de Bakhmout n’apportera rien à la Russie car les flancs sont en train de s’effriter et le front en train de s’effondrer», s’est alarmé M. Prigojine dans une vidéo, accusant l’état-major russe de chercher à «édulcorer» la situation.
À Kiev, la vice-ministre ukrainienne de la Défense, Ganna Malyar, a assuré vendredi que les forces ukrainiennes «ont progressé de deux kilomètres près de Bakhmout». L’armée russe avait opposé jeudi soir un démenti à toute percée des forces ukrainiennes après l’affirmation mercredi par un autre haut responsable ukrainien d’un recul des forces russes dans certaines zones proches de Bakhmout.
Dans un entretien diffusé jeudi par la BBC, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait insisté sur le fait que Kiev avait encore besoin de temps et d’armes avant de lancer une contre-offensive d’ampleur très attendue. M. Prigojine l’avait alors accusé d’être «malhonnête», affirmant que la contre-offensive ukrainienne «bat son plein».
L’Ukraine pourrait à terme compter sur des missiles de croisière Storm Shadow promis jeudi par le Royaume-Uni, une mesure qualifiée d’«extrêmement hostile» par Moscou. «La Russie se réserve le droit de prendre toutes les mesures nécessaires pour neutraliser les menaces pouvant découler de l’utilisation de missiles de croisière par l’Ukraine», a averti la diplomatie russe.
Zelensky à Rome
Sur le front diplomatique, M. Zelensky doit rencontrer ce samedi à Rome le président italien Sergio Mattarella. Une rencontre de M. Zelensky avec le pape François est également «possible», selon une source du Vatican.
La Chine a de son côté annoncé que l’ambassadeur chinois Li Hui, représentant spécial pour les affaires eurasiatiques, viendrait discuter à partir de lundi en Ukraine, en Pologne, en France, en Allemagne et en Russie «d’un règlement politique de la crise ukrainienne».
Li Hui, 70 ans et ex-ambassadeur en Russie pendant dix ans (2009-2019), est le diplomate chinois au rang le plus élevé à se rendre en Ukraine depuis le début de l’invasion russe. La Chine avait publié fin février sa position en 12 points sur la crise ukrainienne, dans laquelle elle exhortait notamment à respecter l’intégrité territoriale de tous les pays - sous-entendu Ukraine comprise.
Accord sur les céréales
Par ailleurs, le ministre turc de la Défense Hulsi Akar a annoncé que la prolongation pour la troisième fois de l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes était proche d’être conclue. Une réunion dans le cadre des pourparlers sur la prolongation de l’accord a eu lieu jeudi à Istanbul avec la participation de l’Ukraine, de la Russie, de la Turquie et des Nations unies.
Outre la prolongation de l’accord, la reprise du fonctionnement du pipeline Togliatti-Odessa pour les livraisons d’ammoniac, un composant chimique essentiel de l’engrais minéral, demandée par Moscou, a aussi été discutée, selon un communiqué de l’ONU.
Ankara a été l’un des acteurs clés de la conclusion de l’accord dit de la mer Noire, signé le 22 juillet dernier par l’ONU, l’Ukraine, la Russie et la Turquie, qui a permis de soulager la crise alimentaire mondiale provoquée par la guerre, arrive à expiration le 18 mai.