Le chef de l'Etat ukrainien a choisi la date de cette grande manifestation de patriotisme en réaction à des rapports des services de renseignement américains suggérant que l'invasion russe du pays, crainte par les Occidentaux depuis des mois, pouvait avoir lieu le 16 février.
D'intenses tractations diplomatiques sont en cours depuis des jours pour tenter de réduire la tension provoquée par le déploiement de dizaines de milliers de soldats russes le long des frontières de l'Ukraine.
Hier, mardi, un espoir a émergé avec l'annonce par Moscou du retrait partiel de ses soldats, le jour de la visite dans le pays du chancelier allemand Olaf Scholz.
Un tel retrait «serait positif» mais doit encore être vérifié, a nuancé plus tard le président américain Joe Biden dans une brève allocution.
Selon lui au contraire, ces troupes, évaluées désormais à «plus de 150.000» restent dans «une position menaçante» et «une invasion demeure tout à fait possible».
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Son secrétaire d'Etat Antony Blinken avait auparavant réclamé au ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, lors d'un nouvel appel téléphonique, une «désescalade vérifiable, crédible et significative».
Antony Blinken s'est également entretenu avec les chefs de la diplomatie française, allemande et britannique.
«Retrait partiel»A travers leur pays en ce mercredi, les Ukrainiens ont eux été invités à accrocher leur drapeau national ou afficher ses couleurs bleues et jaunes par le président Volodymyr Zelensky, toujours droit dans ses bottes et refusant «la panique» face aux menaces d'invasion.
Le ministère russe de la Défense a annoncé hier, mardi, qu'une partie des troupes déployées aux frontières ukrainiennes retournaient le jour même en garnison, diffusant à cet effet des images de blindés chargés sur un train.
Vladimir Poutine a confirmé ce «retrait partiel» mais la Russie poursuit cependant d'importantes manoeuvres en Biélorussie, voisine prorusse de l'Ukraine, jusqu'au 20 février.
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Le plus positif, face à ces annonces, a été le chancelier allemand Olaf Scholz, reçu au Kremlin par Vladimir Poutine. Il a salué «un bon signe», et estimé qu'il y avait «suffisamment de bases de discussion» avec la Russie «pour que les choses évoluent positivement».
Poutine et Scholz ont assuré vouloir un processus de négociations sur les questions de sécurité en Europe.
«Pas à l'ordre du jour»Le président russe a pour sa part assuré que, «bien sûr», il ne voulait pas d'une guerre, tout en martelant que l'expansion de l'Otan constituait une menace pour la Russie -Moscou réclame la garantie que Kiev ne pourra jamais y adhérer.
«Il y a un fait: l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan n'est pas à l'ordre du jour», a répondu Olaf Scholz. «Tout le monde doit prendre un peu de recul et se rendre compte que nous ne pouvons pas avoir un éventuel conflit militaire sur une question qui n'est pas à l'ordre du jour», a-t-il ajouté.
En attendant, les Etats-Unis, qui continuent d'évoquer le spectre d'une invasion russe de l'Ukraine pouvant intervenir «à tout moment», ont maintenu la pression sur la puissance rivale.
Les sanctions occidentales contre la Russie en cas d'offensive militaire «sont prêtes», a prévenu Joe Biden, promettant à plusieurs reprises une riposte «déterminée».
Ces mesures «puissantes» mettront notamment «la pression sur leurs institutions financières les plus grandes et importantes et sur des industries-clés», a ajouté le président américain.
Il s'est également dit «prêt à répondre» à toute «attaque asymétrique» contre les Etats-Unis ou leurs alliés de l'Otan, ce qui peut notamment inclure des cyberattaques, dont ont été victimes hier, mardi, des institutions financières et politiques ukrainiennes.
Le président Biden a toutefois continué de tendre la main à son homologue russe. «Nous devons donner toutes ses chances à la diplomatie», a-t-il lancé, assurant que les «préoccupations de sécurité» de chaque camp pouvaient trouver des solutions appropriées.
Moscou, qui dément toute volonté d'invasion de l'Ukraine, déplore le rejet par les Occidentaux de ses principales exigences, à savoir la fin de la politique d'élargissement de l'Alliance, l'engagement à ne pas déployer d'armes offensives à proximité du territoire russe et le retrait d'infrastructures de l'Otan d'Europe de l'Est.
Les Occidentaux ont proposé en échange des pourparlers sur des sujets comme le contrôle des armements, les visites d'installations sensibles ou des discussions sur les craintes russes en matière de sécurité -offre renouvelée hier, mardi, par Joe Biden.