L'Otan en état de "mort cérébrale", selon Macron

Emmanuel Macron, en Chine le 6 novembre 2019.

Emmanuel Macron, en Chine le 6 novembre 2019. . DR

"Ce qu'on est en train de vivre, c'est la mort cérébrale de l'Otan", a déclaré le président français Emmanuel Macron à l'hebdomadaire The Economist publié jeudi, l'expliquant par le désengagement américain et le comportement de la Turquie, membre de l'Otan.

Le 07/11/2019 à 11h24

Il faut "clarifier maintenant quelles sont les finalités stratégiques de l'Otan", a affirmé le chef de l'État, en plaidant à nouveau pour "muscler" l'Europe de la défense, alors qu'un sommet de l'Otan aura lieu à Londres début décembre.

"Vous n'avez aucune coordination de la décision stratégique des États-Unis avec les partenaires de l'Otan et nous assistons à une agression menée par un autre partenaire de l'Otan, la Turquie, dans une zone où nos intérêts sont en jeu, sans coordination", a-t-il souligné. "Ce qui s'est passé est un énorme problème pour l'Otan".

Dans ces conditions, le chef de l'État s'interroge en particulier sur l'avenir de l'Article 5 du traité atlantique, qui prévoit une solidarité militaire entre membres de l'Alliance si l'un d'entre eux est attaqué.

"C'est quoi l'Article 5 demain ? Si le régime de Bachar al-Assad décide de répliquer à la Turquie, est-ce que nous allons nous engager ? C'est une vraie question", estime Emmanuel Macron.

"Nous nous sommes engagés pour lutter contre Daech (acronyme de l'organisation Etat islamique). Le paradoxe, c'est que la décision américaine et l'offensive turque, dans les deux cas, ont un même résultat: le sacrifice de nos partenaires sur le terrain qui se sont battus contre Daech, les Forces démocratiques syriennes (FDS)", estime Emmanuel Macron.

Les FDS, dominées par des combattants kurdes, ont été appuyées par une coalition internationale conduite par les Etats-Unis pour combattre l'EI, avant le récent retrait des Américains de Syrie.

Cela rend, pour le président, d'autant plus "essentiel d'une part, l'Europe de la défense -- une Europe qui doit se doter d'une autonomie stratégique et capacitaire sur le plan militaire. Et d'autre part, rouvrir un dialogue stratégique, sans naïveté aucune et qui prendra du temps, avec la Russie".

"Le président Trump, j'ai beaucoup de respect pour cela, pose la question de l'Otan comme un projet commercial. Selon lui, c'est un projet où les États-Unis assurent une forme d'ombrelle géopolitique, mais en contrepartie, il faut qu'il y ait une exclusivité commerciale, c'est un motif pour acheter américain. La France n'a pas signé pour ça", a-t-il averti.

Le 07/11/2019 à 11h24