Libye: la ville de Derna compte ses morts après des inondations dévastatrices

Vue générale, le 13 septembre 2023, de la destruction causée par des inondations après que la tempête Daniel a frappé la ville de Derna, dans l'est de la Libye.

La ville libyenne de Derna n’en finit pas de compter ses morts après des inondations dévastatrices qui ont emporté des quartiers entiers et fait plus de 5.300 morts d’après le dernier bilan. La FICR, qui évoque près de 10.000 disparus, craint un nombre de décès nettement supérieur.

Le 14/09/2023 à 08h15

À Derna, frappée par la tempête Daniel le dimanche 10 septembre, les bâtiments ont été dévastés, les ponts emportés par les eaux, des quartiers entiers sont submergés et les routes ont disparu, laissant une ville méconnaissable.

Le bilan des morts ne cesse lui de grimper. Des corps enveloppés dans des couvertures jonchent toujours ses rues et d’autres sont entassés dans des pick-ups en route vers les cimetières. Depuis mardi, des cadavres ont été rejetés par une mer Méditerranée, devenue aussi brune que la boue.

Selon un dernier bilan du porte-parole du ministère de l’Intérieur du gouvernement de l’Est, le lieutenant Tarek al-Kharraz, 5.300 morts ont été recensés dans la ville à ce stade. Les autorités craignent que le bilan définitif ne soit beaucoup plus lourd.

Un responsable de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a fait état, lui, d’un nombre «énorme» de morts qui pourraient se compter en milliers, avec 10.000 disparus.

«Pire catastrophe naturelle»

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au moins 30.000 personnes qui vivaient dans cette cité de 100.000 habitants ont été déplacées. Derna n’est plus accessible que par deux entrées au sud (sur sept habituellement), et des pannes d’électricité généralisées ainsi que des perturbations du réseau de télécommunication y limitent les communications, selon l’OIM.

Quelque 3.000 personnes ont aussi été déplacées à al-Bayda et plus de 2.000 à Benghazi, des villes situées plus à l’ouest. Il s’agit de la pire catastrophe naturelle touchant la Cyrénaïque, province orientale de la Libye, depuis le grand tremblement de terre qui a frappé la ville d’al-Marj (est) en 1963.

Le risque des munitions déplacées

Dans le pays comme depuis l’étranger, la mobilisation est forte pour aider les victimes. L’Union européenne (UE) a débloqué une première enveloppe de 500.000 euros et le Royaume-Uni a annoncé une première aide de 1,16 million d’euros pour répondre aux besoins les plus urgents des Libyens. La Jordanie a envoyé un avion d’aide humanitaire et l’Italie a annoncé le départ d’un navire et de deux avions de transport militaires pour acheminer experts et matériel logistique.

Un avion français transportant une quarantaine de sauveteurs et plusieurs tonnes de matériel sanitaire, dont un hôpital de campagne, a également été affrété. L’Égypte va pour sa part installer des camps dans l’ouest du pays pour abriter les survivants des inondations.

Un responsable du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Erik Tollefsen, a mis en garde contre le danger lié aux munitions non explosées qui ont été déplacées vers «des zones auparavant exemptes de contamination» par les crues. Cela fait courir «davantage de risques pour les survivants et les personnes chargées de l’aide humanitaire», a-t-il averti.

En Libye, plongée dans le chaos depuis la mort de Mouammar Kadhafi en 2011, deux autorités se disputent le pouvoir, l’une dans l’Est, ravagé par la tempête Daniel, et l’autre dans l’Ouest, internationalement reconnue.

Par Le360 (avec AFP)
Le 14/09/2023 à 08h15