Le Premier ministre libanais Saad Hariri a annoncé mardi qu'il allait présenter la démission de son gouvernement, au 13e jour d'une contestation populaire inédite réclamant la chute du régime.
"Je me rends au Palais de Baabda pour présenter la démission du gouvernement au président de la République", a déclaré Hariri lors d'une brève allocution télévisée, accueillie par les vivats de la foule qui l'écoutait en direct sur les lieux de rassemblement.
Peu auparavant, des dizaines d'assaillants armés de bâtons avaient lancé une attaque contre le principal site de rassemblement des manifestants dans le centre de la capitale, signe des tensions grandissantes.
Le pouvoir n'a fait jusqu'à présent aucune concession significative face à la colère populaire déclenchée le 17 octobre par l'annonce d'une taxe sur les appels via la messagerie WhatsApp. Ce nouvel impôt a été annulé mais la colère n'est pas retombée, la foule réclamant une démission en bloc d'un gouvernement jugé incompétent et corrompu.
Lors d'un discours télévisé le 21 octobre, Hariri avait annoncé un plan de réformes, qui n'avait pas convaincu les foules: mesures contre la corruption, budget sans nouveaux impôts, programme de privatisations pour lutter contre le dysfonctionnement des services publics, aides en faveur des plus défavorisés...
De son côté, le président Michel Aoun avait évoqué le 24 octobre la possibilité d'un remaniement ministériel qui ne s'est pas concrétisé en raison des divisions au sein du gouvernement.
Le puissant chef du Hezbollah pro-iranien Hassan Nasrallah avait lui aussi rejeté l'option d'une démission du gouvernement.
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Par ailleurs, des heurts ont éclaté mardi dans le centre de Beyrouth où des dizaines d'assaillants ont détruit les tentes érigées par les contestataires, prenant des chaises pour projectiles et attaquant avec des bâtons les manifestants qui n'avaient pas fui à leur approche.
La police avait déjà dû intervenir brièvement dans la matinée sur le pont autoroutier de Beyrouth pour stopper des heurts entre des contestataires et des partisans du Hezbollah pro-iranien.
Les manifestants avaient réussi dimanche une démonstration inédite de force et d'unité en formant une chaîne humaine du nord au sud du pays, sur 170 km de long.