Annoncé mercredi par le Qatar et les Etats-Unis, l’accord de trêve entre Israël et le Hamas ambitionne de déboucher à terme sur «une fin définitive de la guerre», qui a fait en plus de 15 mois près de 47.000 morts dans le territoire palestinien dévasté, selon le bilan actuel, en majorité des civils.
Mais dans l’attente du début de la trêve, fixé à dimanche, l’armée israélienne a poursuivi ses frappes aériennes sur Gaza, faisant plus d’une centaine de morts depuis mercredi, selon les secours.
Le Conseil des ministres israélien a approuvé tôt ce samedi le plan, malgré l’opposition de ministres d’extrême droite. Dans sa recommandation en faveur du projet, le cabinet de sécurité israélien avait jugé, «après avoir examiné tous les aspects politiques, sécuritaires et humanitaires de l’accord proposé», que celui-ci soutenait «la réalisation des objectifs de guerre».
L’accord prévoit dans une première phase de six semaines la libération de 33 personnes détenues dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023. En échange, Israël va relâcher 737 détenus palestiniens, a annoncé le ministère de la Justice.
Parmi les prisonniers appelées à être libérées se trouve Zakaria Zubeidi, responsable de plusieurs attentats contre des civils israéliens et ex-leader des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa, la branche armée du parti Fatah, qui s’était évadé d’une prison israélienne en 2021.
De premières libérations devraient avoir lieu dimanche, a annoncé le gouvernement israélien. Selon deux sources proches du Hamas, le premier groupe devrait être composé de trois Israéliennes.
Les autorités israéliennes ont de leur côté désigné vendredi 95 détenus libérables dès dimanche, des femmes et des enfants en majorité, pour la plupart détenus après le 7 octobre 2023, et indiqué avoir pris des mesures pour «prévenir toute manifestation publique de joie» à leur sortie.
«Espoir»
Avant même le début de la trêve, des déplacés palestiniens chassés par les bombes israéliennes et les combats se préparent à rentrer chez eux, ou ce qu’il en reste. «Je vais retirer les décombres de la maison et placer ma tente sur les gravats», anticipe Oum Khalil Bakr, réfugiée à Nousseirat. «Nous savons qu’il fera froid et que nous n’aurons pas de couvertures pour dormir, mais ce qui importe, c’est de retourner sur notre terre», ajoute cette mère de dix enfants.
Beaucoup «trouveront leur quartier entier détruit» sans aucun service essentiel, avertit Mohamed Khatib, de l’organisation Medical Aid for Palestine à Gaza. «La souffrance va continuer (...) mais au moins il y a un espoir», ajoute-t-il, alors que les organisations humanitaires anticipent des obstacles considérables pour venir en aide à la population.
Outre les premières libérations de détenus, la première phase de l’accord de trêve comprend, selon le président américain, Joe Biden, «un cessez-le-feu total», un retrait israélien des zones densément peuplées et une augmentation de l’aide humanitaire. La deuxième phase doit permettre la libération des derniers personnes retenues à Gaza, avant la troisième et dernière étape consacrée à la reconstruction de Gaza.
Pendant la première phase seront négociées les modalités de la deuxième, à savoir «une fin définitive de la guerre», selon le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.
Vendredi, des médiateurs égyptiens, qataris, américains et israéliens sont convenus de mettre en place une salle d’opérations conjointe au Caire pour «assurer une coordination efficace» et le respect des conditions de la trêve, et de faciliter l’entrée de 600 camions d’aide par jour, a indiqué un source égyptienne informée à Al-Qahera News.
Déjà minée par un blocus israélien imposé depuis 2007, la bande de Gaza assiégée est privée depuis 15 mois d’eau et d’électricité, les médicaments et la nourriture y entrent au compte-gouttes, l’ensemble du territoire a été ravagé par les attaques israéliennes et la quasi-totalité de ses 2,4 millions d’habitants ont été déplacés.