Armé d'un fusil d'assaut kalachnikov, d'un pistolet automatique, de neuf chargeurs et d'un cutter, l’homme a ouvert le feu à au moins une reprise à 17h50 vendredi dans le train à grande vitesse Thalys 9364, peu après le passage du convoi en France. Neutralisé grâce à la vigilance et au courage de deux militaires Américains presents dans la voiture, l’homme a été transféré samedi matin vers les locaux de l'antiterrorisme en région parisienne.
Selon les policiers qui l'ont interrogé, le suspect, un Marocain de 26 ans, nie avoir un lien avec une entreprise terroriste. Mais, toujours selon les enquêteurs, ces affirmations ne tiendraient pas. L’homme a résidé en Espagne, où il apparaissait dans les registres comme radical, notamment pour la fréquentation d'une mosquée salafiste. Il avait ensuite été signalé par les autorités espagnoles aux services français. Il faisait donc, en France, l'objet d'une fiche "S", visant les personnes ayant des liens avec le terrorisme mais sans faire forcément l'objet d'une surveillance.
Passage en SyrieLe quotidien espagnol El Pais a été le premier à révéler le nom du suspect, et à préciser qu'Ayoub El Qahzzani avait vécu pendant un an en Espagne, jusqu'en 2014. Il avait ensuite choisi de déménager en France, avant de se rendre en Syrie et de revenir il y a peu sur le sol français. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a indiqué lors d'une conférence de presse donnée ce samedi midi, qu'il avait séjourné en Belgique en 2015. M. Cazeneuve, s'il n'a pas voulu confirmer le nom du suspect, a indiqué que "si l'identité qu'il déclare est confirmé, il s'agit d'un individu de nationalité marocaine âgé de 26 ans et signalé par les autorités espagnoles en février 2014 du fait de son appartenance à la mouvance islamiste radicale".
Sur les images filmées au téléphone portable à l'intérieur du train et diffusées par des télévisions, on peut voir que l'assaillant est un jeune homme mince, portant un pantalon clair et torse nu, plaqué au sol sur le ventre, les mains attachées dans le dos. L'un des passagers du train qui a participé à la neutralisation du suspect, a indiqué que l'homme "avait l'air dans un état second".
Carnage évitéMais le carnage qu'il s'apprêtait apparemment à commettre a été évité par l'intervention d'un groupe d'amis américains en vacances, dont deux militaires. Les hommes, dont un a été blessé, ont été salués comme des héros par les autorités françaises et par le président Barack Obama, qui leur a exprimé sa "profonde gratitude".
"On a entendu un coup de feu et du verre brisé," a raconté Alex Skarlatos, 22 ans, membre de la garde nationale de l'état de l'Oregon, rentré il y a peu d'une mission en Afghanistan, sur des images diffusées par des télévisions. "J'ai vu un homme entrer dans le wagon avec une kalachnikov".
"Alex a dit à Spencer (Stone, un autre militaire américain du groupe), va le choper", a poursuivi Chris Norman, un Britannique qui voyageait dans le même wagon. "Le gars a sorti un cutter et il a tailladé Spencer à l'arrière du cou, il lui a pratiquement coupé le pouce aussi, Spencer l'a tenu et on l'a finalement maîtrisé, il était inconscient, on a fini par l'attacher". "Spencer a bien couru 10 mètres jusqu'au type. On s'est mis à le taper à la tête jusqu'à ce qu'il s'écroule", selon M. Skarlatos.
M. Stone, qui a été hospitalisé, "va bien", ont précisé ses amis. Une autre personne a été blessée, par balle, et le train a été dérouté sur Arras (Pas-de-Calais), où le suspect a été interpellé.
"Violence barbare"Cette nouvelle attaque survient huit mois après les sanglants attentats de janvier contre le journal satirique Charlie Hebdo, accusé de blasphème contre le prophète Mahomet et un supermarché cacher. Depuis lors, plusieurs tentatives d'attentats jihadistes ont semble-t-il été déjouées en France. Un projet d'attaque contre une église en banlieue parisienne a échoué en avril après que son auteur, Sid Ahmed Ghlam, s'est lui-même blessé avec son arme. Il était en lien avec des contacts en Syrie, tout comme Yassin Salhi, qui a décapité en juin son employeur près de Lyon et est suspecté d'avoir voulu faire exploser une usine chimique.
Trois personnes ont été arrêtés en juillet, suspectées d'avoir voulu décapiter un militaire gradé et de filmer la scène.