France: malgré la gifle, Macron veut un compromis «au plus vite» sur la loi immigration

Le président français Emmanuel Macron et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Malgré le camouflet subi à l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron a décidé que le projet de loi sur l’immigration poursuivra son parcours législatif à la recherche d’un compromis, écartant tout passage en force, en dépit du feu nourri des oppositions.

Le 13/12/2023 à 08h05

Au lendemain du coup de tonnerre provoqué par le rejet du projet de loi par les députés avant même le début de son examen, le président de la République Emmanuel Macron a fustigé en Conseil des ministres le «cynisme» et «le jeu du pire» des oppositions qui veulent «bloquer le pays».

Signe du séisme, le chef de l’Etat a convoqué dans la soirée une demi-douzaine de ministres parmi les plus politiques, sa cheffe du gouvernement, et des cadres de la majorité, dont les rapporteurs du texte sur l’immigration. Objet: élaborer la riposte politique et accoucher d’un texte, malgré l’important revers essuyé lundi.

Selon trois participants, le président a écarté l’hypothèse d’une dissolution ou d’un 49.3 pour passer en force. Le sort de ce projet de loi est désormais entre les mains d’une commission mixte paritaire (CMP), que le gouvernement convoquera «au plus vite», afin de «chercher un compromis entre la majorité et les oppositions», a déclaré le porte-parole Olivier Véran. Et si cette CMP échouait, le texte serait donc abandonné, sans nouvelle lecture à l’Assemblée ou au Sénat, a-t-il été conclu mardi soir, après un an et demi de revirements, tractations et péripéties.

Concessions

Une CMP, outil parlementaire classique, réunit à huis clos sept députés et sept sénateurs pour tenter de s’accorder sur une mouture du texte. En cas d’accord sur une version commune, celle-ci doit être encore votée par le Sénat et l’Assemblée nationale. En cas de désaccord, c’est l’Assemblée nationale qui a le dernier mot après une ultime navette.

En attendant, les grandes manoeuvres ont déjà démarré: Élisabeth Borne a échangé deux fois mardi avec Éric Ciotti, le patron de LR, mais aussi avec le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau, d’après une source parlementaire. Car pour avoir un accord en CMP, où la droite est incontournable du fait de la majorité sénatoriale, le camp présidentiel devra faire des concessions sur la régularisation facilitée de travailleurs dans les métiers en tension, volet qui cristallise l’opposition de LR et du Rassemblement national.

Un accord avec la droite dure

«La recherche d’un accord reste notre méthode», a répété Mme Borne depuis le Palais Bourbon. Mais la remise en cause du volet intégration provoquerait une crise au sein de la majorité. Un compromis ne «doit pas se faire au détriment de l’unité de la majorité», a tenté de rassurer Mme Borne lors d’une réunion devant les députés du camp présidentiel à l’Assemblée nationale, selon des participants.

La Première ministre fonde en tout cas tous ses espoirs sur une entente avec la droite, après avoir encore eu des échanges houleux avec les bancs de gauche mardi. «Hier (lundi), une fois de plus, vous avez fait le choix délibéré de la compromission avec l’extrême droite», a-t-elle attaqué, après avoir essuyé des questions véhémentes de la gauche. «Partez le plus vite possible», venait en effet de lui lancer la cheffe des députés Insoumis Mathilde Panot, tandis que le président du groupe PS, Boris Vallaud, demandait à Mme Borne de «retirer ce texte qui ne satisfait personne».

Par Le360 (avec AFP)
Le 13/12/2023 à 08h05