France: le CFCM dénonce les propos de Darmanin sur la «mort» de cette instance

Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman (CFCM) lors d'une cérémonie en l'honneur des soldats musulmans ayant participé à la Première Guerre mondiale, au mémorial de la Première Guerre mondiale à Douaumont, le 29 juillet 2020. . JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, a dénoncé lundi 13 décembre 2021, une déclaration de Gérald Darmanin sur la «mort» de cette instance, la jugeant «inacceptable» et «pas justifiée», dans un communiqué.

Le 13/12/2021 à 20h37

«Aujourd'hui le CFCM, c’est-à-dire la représentation de l'islam consulaire - les Marocains, les Algériens - est morte. Le CFCM, pour les pouvoirs publics, pour la République française, n'existe plus, n'est plus l'interlocuteur de la République», a déclaré dimanche le ministre de l'Intérieur, invité de l'émission Le grand jury (RTL-LCI-Le Figaro).

«Cette déclaration n'est pas acceptable ni sur la forme ni sur le fond», répond Mohammed Moussaoui. «Des propos de cette gravité ne peuvent être tenus par un ministre de la République dans un langage approximatif, au détour d'une réponse à une question d'un journaliste», selon lui. Car, d'après lui, «la rupture unilatérale du dialogue entre les pouvoirs publics et l'instance représentative du culte musulman n'a jamais été signifiée au CFCM».

Et de faire valoir que «le CFCM est toujours le représentant du culte musulman devant différentes commissions nationales et européennes et auprès des autres cultes» et qu'il «continue de désigner les aumôniers et de saisir les pouvoirs publics sur différentes questions liées au culte». Et d’ajouter, Il représente le culte musulman dans toutes les cérémonies officielles».

Interlocuteur historique des pouvoirs publics sur le culte musulman, le CFCM, créé en 2003 et qui regroupe plusieurs fédérations de mosquées, est plongé dans la tourmente depuis que le gouvernement a voulu faire adopter une «Charte des principes pour l'islam de France», qui proscrit «l’ingérence» d'Etats étrangers et réaffirme la «compatibilité» de l'islam avec la République française.

Trois fédérations - dont les deux turques, le Millî Görüs et le Comité de coordination des musulmans turcs de France - ont refusé de la signer, restant au CFCM. Quatre autres, dont la Mosquée de Paris, ont décidé de quitter le bureau du CFCM et de créer une «Coordination». «La politique de fermeté envers ceux qui ne respectent pas la charte est tenue», a déclaré Gérald Darmanin à l'AFP lundi. «Nous avons dit à plusieurs reprises à M. Moussaoui qu'il devait se désolidariser vis-à-vis des fédérations turques non signataires, ce qu'il n'a jamais fait», a commenté un conseiller gouvernemental.

«C'est au sein du CFCM que la charte des principes pour l'islam de France a été rédigée», fait valoir Mohammed Moussaoui, dans son communiqué. Il juge l'annonce du ministre de l'intérieur «pas justifiée» et «en rupture totale avec les règles et usages en vigueur dans un Etat de droit comme le nôtre».

Le gouvernement a annoncé la semaine dernière vouloir organiser en janvier ou février 2022 un «forum de l'islam de France» portant sur la formation des imams ou le droit du culte en partenariat avec des acteurs locaux.

Le 13/12/2021 à 20h37