A quelques mois de la fin de son mandat, il est le président le plus impopulaire depuis 1958 et violemment contesté jusque dans son propre camp.
En dépit de son rôle de père de la nation salué jusque dans l'opposition dès les attentats de janvier 2015, François Hollande a payé le prix de son échec à rassembler une majorité autour de sa politique économique.
"Il est tant de choses à la fois: prévisible et audacieux, timoré et courageux, tortueux et simple, réfléchi et insouciant, sentimental et froid", disent de lui les journalistes Fabrice Lhomme et Gérard Davet, auteurs d'un récent ouvrage d'entretiens avec le président.
De Rouen à l’ElyséeEn 2012, le premier président socialiste depuis François Mitterrand (1981-1995) est élu sur une promesse de rupture avec Nicolas Sarkozy, jugé favorable aux classes aisées, et de "présidence modeste" après le style jugé "bling-bling" de son rival.
Les mouvements de rejet vont pourtant se succéder presque sans discontinuer pendant son mandat. En 2013, une réforme étendant le mariage aux couples homosexuels, promise pendant sa campagne, provoque une fracture dans la société française.
Puis, c'est l'augmentation sans précédent de la pression fiscale sur les Français et les entreprises, accompagnée d'une baisse des dépenses publiques qui suscite l'hostilité.
Pour lutter contre un chômage endémique, le président opte pour un virage social-libéral à mi-mandat, début 2014, ce qui lui vaut les foudres de l'aile gauche du parti socialiste et la défection de plusieurs ministres.
Cette hostilité à une politique jugée trop favorable aux entreprises culmine début 2016 avec une guerre rangée au Parlement des "frondeurs" de sa majorité contre une loi modifiant l'organisation du travail qui jette des dizaines de milliers de salariés et de jeunes dans les rues.
"Nombre de ses électeurs ont la désagréable impression d'avoir été bernés. Hollande, prince de l'équivoque, leur a simplement vendu trop de rêve", estiment Gérard Davet et Fabrice Lhomme.
Né le 12 août 1954, à Rouen (nord-ouest), dans une "famille où l'on a toujours parlé politique", François Hollande est le fils d'un médecin d'une droite dure, pro-Algérie française, et d'une assistante sociale à "l'âme généreuse".
Il franchit avec aisance les "étapes de la méritocratie française" et rencontre pendant ses brillantes études Ségolène Royal, la mère de ses quatre enfants. Il rompt avec elle en 2007 pour une journaliste politique, Valérie Trierweiler.
"Un président ne devrait pas dire ça"L'année 2015 débute dans le sang avec une série d'attaques (17 morts), notamment contre l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. C'est ensuite le cauchemar des attentats du 13 novembre à Paris (130 morts). Puis l'attaque au camion à Nice (sud-est), le jour de la fête nationale, le 14 juillet 2016 (86 morts).
"La mort habite la fonction présidentielle", dira François Hollande.
Il se révèlera aussi en chef de guerre quand il faut envoyer des troupes au Mali, en Centrafrique ou les avions de combat français bombarder les positions de l'Etat islamique en Irak et en Syrie.
"Ce qu'on gardera de ces cinq ans, ce sont les attentats. J'aimerais que l'on dise de moi, puisque c'est la vérité, que j'ai été courageux dans cette période", confie le président français, 62 ans, dans l'ouvrage "Un président ne devrait pas dire ça".
Publié en octobre, ce livre de confidences a un effet désastreux sur son image déjà très dégradée et provoque une onde de choc politique.
Jusqu'alors loyal, le Premier ministre, Manuel Valls, évoque sa "colère" personnelle et la "honte" ressentie selon lui par les militants socialistes, et commence à poser des jalons vers une candidature à la présidentielle.
Sur le plan privé, le président français a aussi vécu des épreuves: il s'est séparé avec pertes et fracas de son ex-compagne Valérie Trierweiler en janvier 2014 après la révélation par un magazine people de sa liaison avec l'actrice Julie Gayet.