Moins d’un mois après sa nomination, le Premier ministre français Gabriel Attal affronte une motion de censure de la gauche, ce lundi matin à l’Assemblée nationale. Le coordinateur de La France insoumise (LFI) Manuel Bompard défendra à partir de 10H00 la motion déposée par les élus de son parti, ceux de Parti socialiste (PS), d’Europe Écologie les Verts (EELV) et du Parti communiste français (PCF).
Cette motion n’a toutefois quasiment aucune chance de recueillir les 289 voix nécessaires pour faire tomber le gouvernement, puisque droite et extrême droite n’ont, a priori, pas l’intention de la soutenir. C’est donc surtout la tonalité des débats qui sera scrutée, et la réponse de Gabriel Attal à ses détracteurs.
Comme elle l’avait fait contre Elisabeth Borne, la gauche reproche au Premier ministre de ne pas avoir sollicité de vote de confiance de l’Assemblée nationale après sa déclaration de politique générale, mardi dernier. Elle l’accuse aussi de vouloir faire «la guerre aux pauvres», avec ses annonces sur la suppression de l’allocation de solidarité spécifique pour les chômeurs en fin de droit, ou la promesse d’assouplissement de la loi SRU, qui impose aux communes de disposer d’un nombre minimum de logements sociaux.
La semaine dernière, au Parlement, plusieurs députés ont ciblé le parcours de Gabriel Attal, de la prestigieuse «école (privée) alsacienne» à Sciences Po, jusqu’aux ministères et à Matignon, à 34 ans seulement. «Vous défendez la France du rond-point des Champs-Élysées», l’a ainsi tancé le patron du groupe socialiste Boris Vallaud.
La cheffe des députés LFI Mathilde Panot a quant à elle mené la charge contre Amélie Oudéa-Castéra, ministre de l’Éducation nationale et des Sports, dans la tourmente depuis ses récentes sorties médiatiques. C’est un «symbole de l’ensemble de votre gouvernement», «oligarchie, par ici, haute bourgeoisie par là».
Droite et extrême droite à la rescousse
À l’extrême droite, Marine Le Pen a laissé entendre que ses troupes ne voteraient pas la motion, annoncée par la gauche «avant même le discours» de Gabriel Attal: «cela décrédibilise ceux qui l’ont déposée», juge-t-elle, défendant presque le nouveau Premier ministre.
Les élus des Républicains (LR), parti de droite, comptent aussi voter contre la motion. «On est dans l’opposition, on n’avait aucune vocation à voter la confiance. Mais voter la censure avant que le gouvernement ait démarré ne nous paraîtrait pas non plus très sérieux», a relevé dimanche Olivier Marleix, chef de file des députés LR.
Gabriel Attal va goûter à un exercice qui était devenu habituel pour Elisabeth Borne et ses 31 motions de censure au compteur. Dans cette Assemblée nationale sans majorité absolue, l’ancienne cheffe du gouvernement était passée à neuf voix de la censure en mars 2023, après l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote la tant décriée réforme des retraites.