Deux jours après l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron, le climat social reste tendu en France. Le président de la République, qui s’est donné «cent jours» pour sortir de la crise sociale, veut renouer avec les syndicats, et surtout avec les Français. Emmanuel Macron voulait donc repartir au contact direct, après trois mois de contestation dans la rue contre la réforme des retraites, imposée par le gouvernement sans vote à l’Assemblée nationale.
Sa première sortie publique a eu lieu en milieu d’après-midi de ce mercredi 19 avril, pour une visite à Sélestat, en Alsace. Tentant un court bain de foule, Emmanuel Macron a été conspué, accueilli par des huées, des personnes criant «Macron démission» et la reprise de slogans entendus dans les manifestations contre la réforme des retraites comme le chant «On est là, on est là», popularisé par les Gilets jaunes.
«On n’a jamais vu un président avoir un gouvernement aussi corrompu que le vôtre. Un jour vous allez retomber (...) Vous allez bientôt tomber, vous allez voir», lui a lancé un homme aux cheveux gris. «Vous nourrissez des idées qui ne sont pas justes», lui a étrangement répondu le président.
«J’ai 34 ans, je suis vraiment inquiète. On vous demande une seule chose, un signe d’apaisement, et là vraiment, on ne le voit pas», lui a encore dit cette femme. «On n’en veut pas de ta réforme, qu’est-ce que tu ne comprends pas là-dedans, trou du c..?», lui a lancé un autre homme sur un ton agressif. «Ce n’est plus une démocratie, l’interdiction de manifester à 10H30», a dénoncé une autre femme.
Peu avant, M. Macron avait été attendu dans la commune de Muttersholtz, où il a visité l’usine de l’entreprise Mathis, spécialisée dans la construction en bois, par une centaine de manifestants équipés de casseroles, repoussés par les gendarmes.
Certains portaient des pancartes, où on pouvait lire «Jupi dégage», allusion au surnom «Jupiter» donné au président de la République, ou encore «Tes 100 jours, c’est sans nous», tandis que d’autres utilisaient des cornes de brume ou des cloches pour se faire entendre.
«Il y a des gens qui sont pas contents, je ne vais pas ne pas aller au contact parce qu’il y a des gens qui ne sont pas contents. Il faut que tout le monde s’exprime librement», s’est contenté de commenter Emmanuel Macron.
Entre-temps, le syndicat CGT avait revendiqué une coupure de courant intervenue lors de la visite du président dans l’entreprise Mathis. «Nous l’avions annoncé, les énergéticiens seront partout et il fera tout noir pour le président !», a déclaré Fabrice Coudour, secrétaire fédéral FNME-CGT, dans un message adressé à l’AFP. «La colère est là et on ne tourne pas la page !», a-t-il ajouté.