Outre Paris, une trentaine d’autres manifestations contre les violences policières ont été organisées samedi en France, notamment à Marseille (sud-est), Nantes (ouest), Strasbourg (est) et Bordeaux (sud-ouest). Au total, 5.900 personnes ont défilé dans le pays, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.
Dans la foulée des manifestations, la Première ministre Elisabeth Borne a promis dans un entretien au quotidien Le Parisien des «moyens massifs pour protéger les Français» lors de la fête nationale du 14-Juillet.
Elle a notamment annoncé l’interdiction de la vente aux particuliers de feux d’artifices, avec lesquels des émeutiers visent parfois les forces de l’ordre, afin d’empêcher de nouvelles violences ce weekend-là.
Lire aussi : «Recours excessif à la force»: la France rappelée à l’ordre
Depuis les émeutes, déclenchées par la mort de Nahel, un adolescent de 17 ans tué par un policier lors d’un contrôle routier, le président Emmanuel Macron a érigé le rétablissement d’un «ordre durable» en priorité absolue.
La mort du jeune Nahel, le 27 juin en proche banlieue parisienne, avait été le point de départ de cinq nuits de violences urbaines à travers le pays, inédites depuis 2005.
Sanctions pour les familles
L’une des pistes du gouvernement, selon Mme Borne, concerne de nouvelles sanctions pour les familles de jeunes auteurs de violences.
Samedi, à Paris, les manifestants se sont massés dans le calme sur la place de la République, au coeur de la capitale, en mémoire d’Adama Traoré, un jeune homme mort peu après son interpellation par des gendarmes en juillet 2016.
Cette manifestation avait pourtant été interdite dans la matinée par la préfecture de police qui avait mis en avant des «risques de troubles à l’ordre public» et une pénurie de forces de l’ordre, mobilisées par les récentes émeutes, pour sécuriser le cortège.
Assa Traoré, sœur d’Adama devenue en France une figure du combat contre les violences policières, a pris la parole devant plusieurs élus du parti d’opposition de La France insoumise (LFI, gauche radicale) et entourée d’un important dispositif des forces de l’ordre.
Lire aussi : Émeutes en France: des appels dans l’Hexagone pour constituer une commission d’enquête sur le rôle de l’Algérie
«On marche pour la jeunesse, pour dénoncer les violences policières. On veut cacher nos morts. La France ne peut pas donner des leçons de morale. Sa police est raciste, sa police est violente», a affirmé Assa Traoré. Une enquête a été ouverte à son encontre pour l’organisation de ce rassemblement.
Assa Traoré a ensuite demandé aux manifestants, qui scandaient notamment «Justice pour Nahel», de se disperser «sans violence».
Deux personnes ont été interpellées, dont le frère d’Assa Traoré, Youssouf. Celui-ci a été placé en garde à vue pour violences sur personne dépositaire de l’autorité publique et rébellion, a indiqué le parquet de Paris. Selon une source proche du dossier, il est accusé d’avoir «porté un coup» à une commissaire de police.
Plusieurs journalistes ont par ailleurs dénoncé sur les réseaux sociaux, preuves en images à l’appui, avoir été violemment repoussés par des policiers en couvrant ces interpellations.
La gestion des émeutes épinglée
Les récentes violences urbaines ont jeté une lumière crue sur les maux de la société française, des difficultés des quartiers populaires aux relations houleuses entre jeunes et forces de l’ordre.
Au total, près d’une centaine d’associations, syndicats et partis politiques classés à gauche avaient appelé à des «marches citoyennes» pour exprimer leurs «deuil et colère», dénoncer des politiques jugées «discriminatoires» contre les quartiers populaires, et demander «une réforme en profondeur de la police».
Lire aussi : France: Macron annonce une «loi d’urgence» pour la reconstruction dans les villes touchées par les émeutes
Le gouvernement a lui dénoncé ces appels à manifester «dans les grandes villes qui ne se sont pas encore remises des saccages».
Le ministère français des Affaires étrangères a fortement contesté samedi les déclarations d’un comité d’experts de l’ONU qui a lourdement critiqué la gestion des émeutes par les forces de l’ordre et réclamé notamment l’interdiction du «profilage racial».
La France «conteste des propos qu’elle juge excessifs» et «infondés», a répondu le ministère, en soulignant notamment que «la lutte contre les dérives de contrôles dits au faciès s’était intensifiée».