L'exercice du pouvoir -un thème qui inclut en creux l'inventaire critique du bilan du chef de l'Etat-, sera l'un des grands sujets du débat qui va confronter pour la deuxième fois les prétendants à l'investiture à droite.
"Il vaut mieux que ce soit moi". L'ex-président Nicolas Sarkzoy, 61 ans, n'affiche aucun doute, même si les derniers sondages le donnent toujours derrière son grand rival Alain Juppé, 71 ans. Avec 39% (stable) d'intentions de vote, l'ex-Premier ministre le devance toujours de 12 points à trois semaines du 1er tour prévu le 20 novembre, même si l'écart se resserre dans certains sondages.
La question de "l'incarnation" de la fonction présidentielle agite aussi puissamment les rangs des socialistes depuis la publication d'un recueil de confidences de François Hollande à deux journalistes du Monde, sous un titre - "Un président ne devrait pas dire ça..."- annonciateur des polémiques déclenchées par sa sortie, début octobre.
François Hollande, qui se décrit lui-même comme "le spectre de l'Elysée" dans ce livre émaillé de piques sur ses proches, a vu cette semaine sa cote de popularité s'effondrer au plus bas depuis 2012: seuls 12% des Français souhaitent encore sa réélection en 2017, et 87% ne lui font pas confiance, selon deux récents sondages. Un article du New York Times l'a dépeint en "mort-vivant" à la veille de la fête de la Toussaint.
"Hollande était notre candidat naturel, mais il a tout cassé", "Il n'est plus en état de se représenter", "à six mois de la présidentielle, nous n'avons aucun leader sûr et solide", "beaucoup vivent une défaite intériorisée"... Les doutes se multiplient, sous la forme de commentaires anonymes et de critiques publiques. Même son très loyal Premier ministre Manuel Valls s'est distancié ces derniers jours.
A l'Elysée, on feint la normalité. Dans l'entourage présidentiel, on se dit confiant, on vante sa "capacité phénoménale à donner le change", ses talents d'"incorrigible optimiste": "Il en a vu d'autres", "il va renaître", il est "tranquille et lucide", "il se dit que le bazar et le pourrissement finiront par lui être bénéfiques", assurent ses derniers fidèles à qui veut bien les entendre.
Le président Hollande, qui a prévu de se prononcer sur sa candidature début décembre, n'en a pas moins appelé ses ministres à faire preuve de "cohésion" et de solidarité" mercredi lors du conseil des ministres.
Les craintes de la gauche d'être "pulvérisée" renforcent l'enjeu fondamental de la primaire de droite. Tous les sondages prédisent en effet que le hérault de la droite affrontera -et battra- la candidate de l'extrême droite Marine Le Pen (Front National) au second tour de la présidentielle le 7 mai 2017.
Selon l'analyste de l'IFOP Frédéric Dabi, "ce n'est pas un débat télévisé qui peut changer le rapport de force" entre Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Selon lui, les "attentes de renouvellement" des Français jouent plutôt contre l'ex-président car "beaucoup n'ont pas envie de voir se reproduire un duel Hollande-Sarkozy", comme en 2012.
L'autre duel historique qui joue contre lui remonte à 2002, avec un deuxième tour entre la droite, alors représentée par Jacques Chirac, et l'extrême droite, portée par Jean-Marie Le Pen. Dans cette perspective, Alain Juppé met en avant sa capacité à "rassembler largement", au centre et jusqu'à la gauche. Nicolas Sarkozy, lui, essaie de se poser en garant d'une "alternance forte" face à l'alternance "molle" de son rival, en insistant sur les questions d'identité et d'immigration.
A l'heure actuelle, la confusion des électeurs est telle que les deux-tiers des proches des Républicains (le principal parti de l'opposition de droite) comme du parti socialiste se disent prêt à voter au premier tour de la présidentielle pour un candidat qui ne se serait pas présenté à la primaire de leur camp ou qui y aurait été battu.