Habituée de ces rendez-vous - elle a participé à plus d'une vingtaine de débats en 2008 lors de sa première tentative pour la Maison Blanche - l'ex-secrétaire d'Etat, qui a su parfois faire rire, s'est présentée comme la meilleure chance de son camp face aux Républicains lors de la présidentielle de 2016.
"La diplomatie n’est pas la recherche de la solution parfaite, c’est trouver un équilibre entre différents risques", a lancé l'ancienne Première Dame des Etats-Unis, qui n'a jamais été véritablement mise en difficulté. Au sénateur du Vermont Bernie Sanders, qui mettait en avant le modèle de société des pays nordiques, elle a rétorqué: “Nous ne sommes pas le Danemark. J'adore le Danemark, nous sommes les Etats-Unis d'Amérique".
"Elle ne s’est pas laissée démonter, personne n’a réussi à la désarçonner", a résumé Timothy Hagle, professeur de sciences politiques à l’université de l’Iowa.
Le débat, sur lequel planait l'ombre du vice-président Joe Biden qui hésite à se lancer dans la course, a été mené sur un rythme soutenu mais n'a pas donné lieu aux attaques personnelles qui avaient émaillé ceux du camp républicain.
Le milliardaire Donald Trump, qui a largement contribué à des records d'audience lors des deux premiers débats, a ironisé, en temps réel sur Twitter, sur ce débat "ennuyeux". "Désolé, il n'y a aucune star sur scène ce soir!", a lancé le magnat de l'immobilier juste avant le début du débat, qui se déroulait dans un hôtel-casino situé à moins de 800 mètres de l'un de ses hôtels.
Pugnace, passionné, Bernie Sanders, 74 ans, véritable surprise de cette primaire, a dénoncé avec force les excès de Wall Street ou encore "un système de financement électoral corrompu qui affaiblit la démocratie américaine". Appelant à ne pas laisser le pays aux mains d'une "poignée de milliardaires", le sénateur du Vermont a dénoncé, tout en évitant soigneusement les attaques individuelles, le manque de détermination de son camp sur ces thèmes.
Une femme, "un sacré changement"
La question du contrôle des armes individuelles a donné lieu à un vif échange entre les deux candidats, l’ancienne Première Dame accusant son rival de ne pas être assez ferme sur ce thème. "Cela fait trop longtemps que cela dure et il est temps que le pays entier tienne tête à la NRA (principal lobby des armes, NDLR)", a-t-elle lancé. Face à ces deux fortes personnalités, Martin O'Malley, ancien gouverneur du Maryland, l'ex-gouverneur et sénateur du Rhode Island Lincoln Chafee et l'ancien sénateur de Virginie Jim Webb, qui plafonnent à moins de 1% d'intentions de vote, ont eu beaucoup de mal à se faire entendre.
Selon le dernier sondage CBS, Hillary Clinton recueille 46% des intentions de vote chez les Démocrates contre 27% pour l'élu du Vermont. A 391 jours de l'élection présidentielle, les conservateurs savent que leur adversaire le plus redoutable reste Hillary Clinton, et la machine républicaine est quasi-entièrement tournée contre elle.
“Vrais problèmes”L'affaire de la messagerie privée de l'ex-secrétaire d'Etat, préférée au compte gouvernemental, est qualifiée d'affaire d'Etat par les Républicains. La candidate a reçu, sur ce point, le soutien de Bernie Sanders, qui a appelé les médias et ses adversaires politiques à se concentrer sur les "vrais problèmes": "Le peuple américain en a marre d'entendre parler de vos satanés emails", a-t-il lancé, provoquant un tonnerre d'applaudissements.
Mme Clinton, qui espère offrir aux Démocrates un troisième mandat consécutif à la Maison Blanche, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale, a souligné qu'elle n'entendait pas pour autant faire un "troisième mandat Obama".
"Etre la première femme présidente serait un sacré changement!", a-t-elle lancé, soulignant qu'elle entendait s'appuyer sur le bilan d'Obama tout en allant au-delà.
L'ancien président Bill Clinton (1993-2001) a regardé à la télévision son épouse présenter son projet et expliquer qu'elle ne demandait à personne de voter pour elle "en raison de son nom de famille".
Barack Obama avait, lui aussi, prévu de regarder le débat démocrate... mais pas dans son intégralité. "Il y a un bon match de baseball ce soir, je ne serais pas surpris qu'il fasse un peu de zapping", avait prévenu son porte-parole, Josh Earnest.