La capsule Starliner de Boeing, dont les aventures ont donné lieu à un véritable feuilleton, est revenue sur Terre samedi avec succès, mais sans les astronautes qui l’avaient emmenée vers la Station spatiale internationale (ISS), la Nasa ayant jugé que le risque était trop grand.
La capsule s’est posée à 04H01 GMT sur la base spatiale de White Sands, au Nouveau-Mexique, dans le sud-ouest des États-Unis. Elle avait quitté l’ISS environ six heures plus tôt, selon la retransmission vidéo de la Nasa. Ce vol retour sans accroc devrait aider le constructeur américain à rassurer et obtenir de nouveaux agréments de vols habités.
La réputation du géant américain de l’aéronautique -déjà cabossée par de nombreux problèmes récents sur ses avions de ligne- a pris un nouveau coup en juin dernier, lorsque des défaillances du propulseur et des fuites d’hélium sur la capsule ont été détectées au moment du vol habité inaugural.
Malgré les tentatives du constructeur de convaincre la Nasa de la sûreté de son appareil, l’agence spatiale américaine a préféré faire rentrer Butch Wilmore et Suni Williams via le concurrent de Boeing, SpaceX, et sa capsule Crew Dragon. Résultat, les deux astronautes, qui ne rentreront pas avant l’an prochain, resteront plus de huit mois dans l’espace, alors qu’ils devaient initialement effectuer une mission de... huit jours.
Astronauts Suni Williams and Butch Wilmore are set to return to Earth next February as part of NASA's @SpaceX #Crew9 mission. Get the details: https://t.co/vHT5rrOs3M pic.twitter.com/XAEKzYoy3h
— NASA (@NASA) September 7, 2024
Le responsable du programme de vols commerciaux habités de la Nasa, Steve Stich, a déclaré à la presse cette semaine que malgré la certitude affichée par Boeing sur leurs projections, l’agence spatiale «n’était pas à l’aise» pour procéder avec Starliner «en raison de l’incertitude autour du modèle».
«Meilleure compréhension»
Pour autant, la Nasa a salué la parfaite exécution de l’atterrissage. «La Nasa et Boeing ont beaucoup appris sur le Starliner dans l’environnement le plus extrême possible», a déclaré Ken Bowersox, administrateur associé de la direction des missions spatiales de l’agence. «La Nasa se réjouit de poursuivre son travail avec l’équipe de Boeing en vue de la certification du Starliner pour les missions de rotation d’équipage vers la station spatiale», a-t-il ajouté.
Pendant le vol retour, les équipes au sol ont surveillé la performance de Starliner sous tous ses aspects, particulièrement ses propulseurs -qui ont connu des problèmes. Une fois le retour de Starliner acté, «nous aurons une meilleure compréhension de quand nous pourrons certifier l’appareil et de quand nous pourrons reprendre les vols», avait déclaré Steve Stich.
Boeing vs SpaceX
La Nasa a commandé il y a dix ans à Boeing et SpaceX un nouveau vaisseau chacun pour acheminer ses astronautes vers l’ISS. Avec deux véhicules, elle souhaite ne pas se retrouver sans solution en cas de problème sur l’un ou l’autre.
Mais l’entreprise d’Elon Musk a largement battu Boeing et joue seule le rôle de taxi spatial américain depuis déjà quatre ans. Ce premier vol de Starliner avec équipage, réalisé avec des années de retard à cause de déconvenues au cours de son développement, devait être le dernier test avant le lancement d’opérations régulières.