"Il y a deux ans, le président Erdogan m'avait suggéré de porter le niveau des échanges commerciaux à près de 250 millions de dollars. Nous y sommes en 2017. Une nouvelle barre a été fixée conjointement à près de 400 milliards. Nous allons travailler ensemble à atteindre et même dépasser cet objectif", a déclaré lors d'une conférence de presse conjointe le président sénégalais Macky Sall. "Je pense qu'aujourd'hui, nous allons avoir un nouvel élan dans nos relations avec cette visite. Le chiffre d'affaires de nos échanges va augmenter", a abondé Erdogan.
Depuis son arrivée au pouvoir, en 2003, Erdogan a entrepris de renforcer les liens entre la Turquie et le continent africain, un effort qui s'est concrétisé notamment par la multiplication des ambassades turques et des dessertes de la compagnie Turkish Airlines. "Nous voulons partager avez nos amis africains nos expériences", a-t-il dit lors d'une visite à Diamniadio, une ville nouvelle en cours de construction à une quarantaine de kilomètres de Dakar, grâce notamment à des entreprises turques.
"Il ne s'agit pas de consommer ou d'exploiter les ressources africaines. Nous ne nous permettrons jamais de mettre en application des méthodes inhumaines comme ce fut le cas sur l'île de Gorée", symbole de la traite négrière au large de Dakar, a assuré Erdogan devant un forum d'hommes d'affaires.
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A cette occasion, le chef de l'Etat turc a plaidé pour une réforme du Conseil de sécurité des Nations unies, estimant que "cinq pays (les membres permanents -Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, Chine et France-) ne doivent pas décider du destin du monde. "La Turquie, le Sénégal, la Mauritanie, devraient être membres de ce Conseil", a-t-il estimé.
Preuve du rôle accru que la Turquie entend jouer en Afrique, Erdogan avait annoncé mercredi soir à Nouakchott une contribution de la Turquie de 5 millions de dollars pour financer le G5 Sahel, la force militaire constituée par cinq pays africains pour lutter contre les groupes jihadistes actifs au Sahel.
"La Turquie fait partie des pays qui comprennent le plus les dangers auxquels sont confrontés les pays du Sahel. Nous avons donc décidé de consentir une aide financière de 5 millions de dollars (4 millions d'euros) pour appuyer la force conjointe du G5 Sahel", a déclaré Erdogan peu avant de quitter la Mauritanie. "Comme vous le savez, les pays du Sahel font face au danger du terrorisme, de l'extrémisme, des trafics illicites et du trafic de drogue. A cet égard, nous nous félicitons du soutien du président Erdogan au G5 Sahel", s'est réjoui à ses côté le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz.
Pour lutter plus efficacement contre les groupes jihadistes qui se jouent des frontières, des Etats de la région (Mali, Mauritanie, Burkina Faso, Niger et Tchad) ont mis sur pied la force du G5 Sahel, qui devrait compter 5.000 soldats d'ici la mi-2018. Les contributions totales pour cette force, qui étaient de 414 millions d'euros, passent à 418 millions d'euros avec l'apport de la Turquie. Quelque 480 millions d'euros sont jugés nécessaires pour 2018, selon le président du Niger Mahamadou Issoufou.
Lors de sa visite, la première d'un chef d'Etat turc en Mauritanie, Erdogan a présidé à la signature d'accords bilatéraux dans les domaines de la pêche, de l'agriculture, de la protection des investissements, du tourisme ou encore des hydrocarbures et des mines. Erdogan, qui s'était rendu en Algérie en début de semaine, doit achever vendredi sa tournée africaine par une étape de quelques heures au Mali.