Selon le ministère de la Défense, le Tupolev Tu-154 a disparu des écrans-radars à 05H27 (02H27 GMT), deux minutes après son décollage de l'aéroport de la station balnéaire de Sotchi, situé dans la commune d'Adler, sur les côtes de la mer Noire. Il se rendait à la base aérienne de Hmeimim, près de Lattaquié en Syrie.
"La zone de la catastrophe du Tu-154 a été déterminée. Il n'y a pas de signes de survivants constatés", a déclaré à la mi-journée le porte-parole de l'armée russe, Igor Konanchenkov, lors d'une intervention télévisée.
Il a précisé que des débris de l'appareil avaient été découverts à 1,5 kilomètre de la côte, à environ 70 mètres de profondeur, par les quatre navires dépêchés sur place pour mener les recherches, assistés de quatre hélicoptères, d'un avion et de drones.
Selon les services russes d'enquête, l'appareil avait fait escale à Sotchi pour être ravitaillé en kérosène. Les médias russes ont diffusé des photos postées sur les réseaux sociaux pendant la nuit par l'un des passagers depuis l'aérodrome de Tchkalovski, près de Moscou, d'où partent les vols organisés par l'armée pour la Syrie.
L'avion transportait 84 passagers et huit membres d'équipage, a précisé le ministère.
La liste publiée par le ministère comprend 64 membres de l'Ensemble Alexandrov, connu lors de ses tournées à l'étranger sous le nom de choeurs de l'Armée Rouge et huit militaires dont le directeur de l'Ensemble Valéri Khalilov. Ils se rendaient en Syrie pour célébrer le Nouvel An avec les soldats russes déployés là-bas depuis septembre 2015 en soutien au régime de Bachar al-Assad, allié de longue date de la Russie.
- Carte de visite de la Russie -
"L'Ensemble Alexandrov, c'est la carte de visite de la Russie", a déploré le célèbre pianiste russe Denis Matsouev, cité par l'agence Ria-Novosti, évoquant une "terrible injustice".
L'avion transportait également neuf journalistes des chaînes de télévision Pervy Kanal, NTV et Zvezda, deux hauts fonctionnaires civils et la responsable d'une organisation caritative respectée en Russie, Elizavéta Glinka.
Cette dernière, connue du grand public comme "Docteur Liza", transportait des médicaments pour l'hôpital universitaire de Lattaquié, a précisé le directeur du Conseil consultatif pour les droits de l'Homme auprès du Kremlin, Mikhaïl Fedotov, cité par l'agence Interfax.
La chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre turc Binali Yildirim ainsi que l'ambassadeur des Etats-Unis à Moscou John Tefft ont exprimé leurs condoléances à la Russie.
Le président Vladimir Poutine a annoncé qu'une journée de deuil national serait observée lundi en hommage aux victimes. "Une enquête soigneuse sera menée pour déterminer les causes de la catastrophe et tout sera fait pour soutenir les familles des victimes décédées", a-t-il promis à la télévision publique.
A sa demande, le Premier ministre Dmitri Medvedev a créé une commission d'enquête spéciale dirigée par le ministre des Transports Maxime Sokolov, qui devait se rendre à Sotchi dès dimanche.
- 33 ans de vol -
Aucune hypothèse privilégiée n'a été avancée par les autorités pour le crash intervenu aux pieds du massif instable du Caucase et impliquant un appareil exploité depuis 33 ans.
Selon le ministère de la Défense, l'appareil accumulait 6.689 heures de vol depuis 1983. Il avait été réparé pour la dernière fois en décembre 2014 et révisé en septembre dernier.
Une enquête criminelle a été ouverte pour déterminer si des manquements aux règles de sécurité aérienne sont à l'origine de l'accident, a indiqué le Comité d'enquête russe, organisme chargé des principales affaires.
Plusieurs Tu-154, un appareil de conception soviétique, ont eu des accidents par le passé. En avril 2010, un appareil de ce type transportant 96 personnes dont le président Lech Kaczynski et de hauts responsables polonais s'était écrasé en tentant d'atterrir près de Smolensk (ouest de la Russie), et tous ses occupants avaient été tués.
Quelque 4.300 militaires russes sont déployés en Syrie, et la Russie continue d'y renforcer sa présence militaire.
Vladimir Poutine avait ordonné vendredi d'agrandir les installations portuaires militaires russes à Tartous, dans le nord-ouest de la Syrie, censées devenir une base navale russe permanente dans ce pays en proie à un conflit sanglant depuis 2011.