La vaste opération de recherches dans l’Atlantique Nord entre jeudi dans une phase critique pour retrouver un submersible et ses cinq occupants disparus près de l’épave du Titanic. Les garde-côtes américains s’affichent toujours «optimistes», mais les passagers pourraient se trouver rapidement à court d’oxygène à bord du Titan, petit sous-marin de l’entreprise américaine OceanGate Expeditions. L’engin dispose d’une autonomie théorique de 96 heures en plongée.
L’annonce mercredi de la détection de bruits sous l’eau par des avions P-3 canadiens dans la zone de recherches a suscité de l’espoir et orienté l’armada multinationale de sauveteurs dépêchés sur place. Mais « je ne peux pas vous dire ce que sont ces bruits », a indiqué le capitaine des garde-côtes américains, Jamie Frederick, après des recherches menées par des véhicules sous-marins télécommandés et un navire de surface équipé d’un sonar.
Importants moyens
Surveillance aérienne à l’aide d’avions, navires dotés de robots sous-marins: les moyens déployés notamment par les armées américaine et canadienne continuent d’arriver sur le site où est stationné le Polar Prince, le navire duquel est parti le submersible Titan. Un bâtiment canadien avec du personnel médical et une chambre de décompression est en chemin, tout comme l’Atlante, un navire français doté d’un robot capable de plonger jusqu’à l’épave du Titanic (à près de 4.000 mètres de fond).
«La localisation des recherches rend exceptionnellement difficile la mobilisation rapide de grandes quantités d’équipements», a expliqué le capitaine Frederick. La zone de recherches en surface s’étend sur 20.000 kilomètres carrés.
Un Américain, un Français, un Britannique et deux Pakistano-Britanniques ont plongé dimanche matin vers les abysses à bord du Titan. Il devait refaire surface sept heures plus tard, mais le contact a été perdu moins de deux heures après son départ.
Plainte sur la sûreté
Depuis le début des recherches, dimanche, des détails mettant en cause OceanGate émergent, l’entreprise étant pointée du doigt pour de potentielles négligences dans la sûreté de son appareil de tourisme sous-marin. Une plainte de 2018 indique qu’un ex-dirigeant de la compagnie, David Lochridge, avait été licencié après avoir émis de sérieux doutes sur la sûreté du submersible.
Selon cet ancien directeur des opérations marines, un hublot à l’avant de l’appareil a été conçu pour résister à la pression subie à 1.300 m de profondeur, et non à 4.000 m. Le patron d’OceanGate, l’Américain Stockton Rush, est à bord du Titan.
«Chaque heure qui passe est plus angoissante», a déclaré à l’AFP Bernard Cauvin, fondateur et directeur de la Cité de la Mer à Cherbourg, en France, qui a collaboré avec Paul-Henri Nargeolet, l’un des passagers du Titan. «Je connais son professionnalisme, y compris dans la gestion de crise. Psychologiquement et techniquement, il sait tout gérer, il en a vécu bien d’autres», a-t-il ajouté.