Voilà une nouvelle révélation qui ne devrait pas apaiser les tensions entre Washington et Pyongyang. Selon le Wall Street Journal, Kim Jong-nam, le demi-frère du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, assassiné en Malaisie en février 2017, était un informateur de la CIA.
Le quotidien américain cite une personne «bien informée» rapportant que Kim Jong-nam a rencontré des agents américains à plusieurs reprises, et notamment le mois de sa mort. Le demi-frère du dictateur de Corée du Nord se serait rendu en février en Malaisie pour rencontrer son contact du service de renseignement américain.
Selon la même source, l’ancien résidant de l’enclave chinoise de Macau aurait également eu un lien avec les services de sécurité chinois.Les liens présumés entre Kim Jong-nam et le renseignement américain sont également évoqués dans un livre sur Kim Jong-un, The Great Successor, écrit par une reporter du Washington Post, Anna Fifield, qui doit paraître ce mardi.
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Certains détails de la relation entre Kim Jong-nam et la CIA restent cependant flous, reconnaît le Wall Street Journal. D’anciens responsables américains, cités par le quotidien, estiment même que l’intéressé, qui a vécu hors de Corée du Nord pendant longtemps, était incapable de fournir des informations sur le royaume ermite.
La CIA, qui a lancé en 2017, un programme de suivi et de contrôle des missiles balistiques et des armes nucléaires nord-coréens, n’a pas souhaité commenter ces informations.
Un contexte de tensions entre Washington et Pyongyang
Après avoir réchappé à une première tentative de meurtre en 2012, Kim Jong-nam, 45 ans, avait été assassiné le 13 février 2017 à l’aéroport international de Kuala Lumpur, en Malaisie où deux femmes l’avaient aspergé d’un agent neurotoxique, hautement mortel.
La Vietnamienne Doan Thi Huong et l’Indonésienne Siti Aisyah avaient été arrêtées et inculpées peu après son assassinat. Menacées de peine de mort par la justice malaisienne, elles n’ont cessé d’affirmer avoir été recrutées pour participer à ce qu’elles croyaient être une «caméra cachée» et entraînées dans un complot fomenté par des agents nord-coréens.
L’hypothèse de la responsabilité nord-coréenne dans ce meurtre avait également été soutenue par Séoul et Washington. Pyongyang avait démenti de telles accusations. Le tribunal de Kuala Lumpur a finalement abandonné les accusations de meurtre à l’encontre des deux femmes, qui ont été libérées en mars et mai dernier.
Frère aîné de Kim Jong-un, Kim Jong-nam devait succéder à leur père à la tête de la Corée du Nord. Mais en 2001, un scandale avait changé la donne. Le demi-frère avait été arrêté à Tokyo avec un faux passeport, puis condamné à l’exil. C’est donc Kim Jong-un qui avait pris la tête de la Corée du Nord après la mort de leur père en 2011.
Avant même cette succession, Kim Jong-nam avait affirmé que le pouvoir ne l’intéressait pas et s’était dit en octobre 2010 «opposé à la transmission héréditaire à une troisième génération de la famille», dans un entretien à la télévision japonaise.
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Les informations du Wall Street Journal interviennent alors que les relations entre les États-Unis et la Corée du Nord sont au plus bas. Un an après le sommet historique du 12 juin 2018 où Kim Jong-un et Donald Trump semblaient s’être entendus sur un accord de dénucléarisation de la Corée, peu d’avancées notables ont été enregistrées. Les deux dirigeants se sont rencontrés fin février à Hanoï où aucun accord n’a été trouvé, Washington refusant de lever les sanctions économiques sur Pyongyang.