La journée de samedi, avec un vote historique prévu au parlement britannique sur le nouvel accord de brexit triomphalement annoncé deux jours plus tôt à Bruxelles, devait enfin apporter une clarification après plus de trois ans de saga suivant le référendum de 2016.
Bilan : les députés ont décidé de repousser leur décision et les Européens se retrouvent dimanche avec trois lettres, dont l'AFP a obtenu copie, disant tout et son contraire. Et moins de deux semaines pour éviter une sortie sans accord qui donne des sueurs froides aux milieux économiques.
La première lettre, non signée, demande une prolongation de trois mois du Brexit. La deuxième, signée par Boris Johnson, dit qu'il ne veut pas de ce délai. Et la troisième, de l'ambassadeur britannique auprès de l'UE, Tim Barrow, précise que le report n'a été demandé que pour se plier à la loi.
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Malgré cette demande, "nous allons sortir le 31 octobre. Nous avons les moyens et l'habilité de le faire", a déclaré dimanche Michael Gove, bras droit de Boris Johnson, lors d'un entretien avec Sky News. "Nous savons que l'Union européenne veut que nous sortions, et nous avons un accord qui nous permet de le faire".
Sur la BBC, le ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab s'est aussi estimé "confiant", jugeant qu'"il y avait beaucoup de gens dans l'UE qui ne veulent pas d'un report".
A Bruxelles, Donald Tusk a indiqué samedi soir "commencer à consulter les dirigeants de l'UE sur la manière de réagir", après avoir parlé au téléphone avec Boris Johnson. D'après une source européenne, les consultations "pourraient prendre quelques jours".
Selon Downing Street, le dirigeant conservateur s'est également entretenu avec Emmanuel Macron et Angela Merkel. Si la présidence française a fait savoir qu'un "délai supplémentaire (n'était) dans l'intérêt de personne".
Pour Jeremy Corbyn, chef de l'opposition travailliste, c'est une victoire : "malgré sa posture irritable et fanfaronne", Boris Johnson a dû "obéir à la loi" et "l'accord dommageable (de Boris Johnson) a été défait", a-t-il dit sur Twitter.
La loi qui a forcé Boris Johnson à réclamer cette extension a été adoptée en septembre pour éviter un "no deal", Boris Johnson s'étant dit prêt à cette option s'il s'agissait du prix à payer pour sortir le Royaume-Uni de l'UE le 31 octobre.
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Elle stipule que si aucun accord de sortie n'était approuvé par le Parlement d'ici au 19 octobre, le Premier ministre doit réclamer un report du Brexit au 31 janvier 2020.
Boris Johnson espérait y échapper en faisant approuver samedi son nouvel accord de retrait de l'UE. Mais par l'un de ces coups de théâtre dont la démocratie parlementaire a le secret depuis le début de cette crise, la Chambre des Communes l'a contraint samedi à s'y conformer en repoussant son vote sur l'accord.
Cette nouvelle journée folle à Westminster a relancé la grande incertitude au Royaume-Uni sur la manière dont le pays va sortir de l'UE. Le brexit, initialement prévu le 29 mars, a déjà été repoussé deux fois.
Vent debout contre une nouvelle prolongation "dommageable", Boris Johnson a assuré qu'il présenterait "la semaine prochaine" au Parlement la législation nécessaire à la mise en oeuvre de son accord de Brexit. "Si nous passons la législation à temps, alors il n'y a pas d'extension. Le 31 octobre est en vue", a souligné Michael Gove.
Ils pourront désormais compter sur le soutien de certains rebelles conservateurs, ayant été expulsés du parti pour avoir justement soutenu la loi qui a contraint Boris Johnson à demander un report. Maintenant que le report a été demandé pour "éviter un Brexit sans accord", "je soutiendrai l'accord du Premier ministre", a ainsi annoncé l'ancienne ministre Amber Rudd sur Sky News.
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Le ministre allemand de l'Economie, Peter Altmaier, a déclaré au journal Bild qu'une sortie rapide et ordonnée était encore possible si Johnson tentait aussi de contacter ses adversaires. "Si une prolongation de quelques semaines est nécessaire, cela ne me poserait aucun problème", a-t-il dit.
Le texte règle les conditions du divorce après 46 ans de vie commune, permettant une sortie en douceur assortie d'une période de transition courant au moins jusqu'à fin 2020.
Faute d'accord adopté, le Royaume-Uni est menacé d'un "no deal", scénario redouté des milieux économiques faisant craindre le chaos aux frontières, des pénuries de produits alimentaires et médicaments et une poussée des prix, voire une récession.