L'avant-dernier numéro de Jeune Afrique a été interdit de diffusion en Algérie, déplore la publication, qui dénonce un «acte de censure qui ne dit pas son nom». «Nos lecteurs en Algérie n’ont hélas pu se procurer le N 2824 (22-28 février) de Jeune Afrique, qui n’a pas reçu l’autorisation de diffusion du ministère de la Communication», révèle ce magazine dédié à l’Afrique, en regrettant que le département de tutelle n’ait même pas pris la peine de «nous adresser quelque notification que ce soit. Ni, a fortiori, de justifier sa décision».
Qu’est-ce qui aurait donc pu faire grincer les ciseaux de censure en Algérie ? Pas besoin d’être devin pour deviner la raison de cet acte rédhibitoire. Jeune Afrique affirme «deviner aisément» cet acte inqualifiable : la publication d’une enquête de quatre pages intitulée «Bouteflika et les femmes», qui fait la Une de l’édition Maghreb et Moyen-Orient de ce magazine. «Une enquête minutieuse et sérieuse qui n’a rien à voir avec les sujets nauséeux dont raffolent les tabloïds britanniques ou la presse people internationale, entre racolage, «révélations» scabreuses et étalage trash de la vie privée et intime de personnalités publiques», explique Jeune Afrique. «Non, nous avons simplement décidé de nous pencher sur la vie de l’un des rares chefs d’Etat d’Afrique et du monde arabe resté célibataire et jadis réputé grand séducteur».
Un cas, en effet atypique, quand on sait que Bouteflika, du temps où il était ministre des Affaires étrangères sous Houari Boumédiène, s’était forgé cette réputation peu reluisante du "diplomate noceur», comme l’a si bien souligné le chroniqueur algérien Mohamed Benchikou, dans son livre «Bouteflika : une imposture algérienne».