Les contre-vérités d’El Mundo

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Dans un article publié aujourd’hui, le quotidien espagnol laisse entendre que le Maroc devient tributaire de l’Espagne en matière de coopération dans les domaines de sécurité et de renseignement. La vérité est toute autre…

Le 02/01/2015 à 18h59

«La rupture entre Rabat et Paris pousse la coopération maroco-espagnole au plus haut niveau». Voilà le titre d’un article dont s’est fendu le quotidien espagnol El Mundo, dans son édition du jour. Signé par Ignacio Cembrero, qui fait objet de poursuites judiciaires en Espagne suite à une plainte de l’Etat marocain pour apologie du terrorisme, l’article laisse entendre que le Maroc est aujourd’hui quasiment isolé et que, dans les aspects sécuritaires, tout transite par l’Espagne. Faux! Archi-faux, même…

Effectivement, la coopération dans le domaine sécuritaire avec l’Espagne est exemplaire. En témoigne la décoration, en octobre dernier, d’Abdellatif Hammouchi, patron du contre-espionnage marocain, par le secrétaire d'Etat espagnol à la Sécurité. Mais de là à affirmer que l’Espagne constitue le seul canal pour le Maroc en matière de collaboration dans le domaine du renseignement est une contre-vérité grotesque. «Les échanges de renseignements entre le royaume et la communauté internationale ont quasiment doublé au courant de l’année 2014 en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé», nous explique une source du département de la coopération internationale du ministère de l’Intérieur. Et de poursuivre: «Avec les pays européens en particulier, la collaboration est très étroite avec la Grande Bretagne, la Belgique, l’Allemagne et la Hollande et pas seulement avec l’Espagne». D’ailleurs, «les informations fournies récemment par les services marocains à leurs homologues hollandais ont été cruciales pour faire avorter un projet d’attentat terroriste aux Pays-Bas», nous confie notre source.

Au-delà du vieux continent, le Maroc est un modèle quand il s’agit de coopération sécuritaire avec l’ensemble des pays de la planète. Cette vérité a été confirmée à l’unanimité par une quarantaine d’experts internationaux réunis le 15 décembre dernier, dans le cadre du Forum global de lutte contre le terrorisme, tenu à Marrakech. Autre exemple non négligeable de l’ouverture du royaume à la coopération avec le reste du monde: le soutien militaire apporté aux Emirats Arabes Unis qui prend part à la coalition internationale engagée dans la guerre contre Daach. Un soutien applaudi d’ailleurs par tous les autres pays composant cette coalition.

Le Maroc est donc loin d’être ce pays isolé, tel que présenté par le journaliste d’El Mundo. Et si effectivement la coopération en matière de sécurité et de renseignement est gelée avec l’Hexagone, c’est bien en raison de la suspension de la coopération judiciaire avec la France. «C’est tout à fait normal, dans la mesure où tout ce qui a trait à la sécurité est supervisé par le département de la Justice, au Maroc comme en France. D’ailleurs, la coopération de tous les secteurs qui dépendent de près ou de loin de la Justice, y compris le volet sécuritaire et le renseignement, font les frais de cette suspension de la coopération judiciaire», nous explique notre source du ministère de l’Intérieur. Et d’ajouter: «Le Maroc a demandé la refonte des accords judiciaires avec la France de manière à clarifier l’aspect de territorialité des lois qui relève de la souveraineté du royaume. La France doit cesser de considérer le Maroc comme une annexe où elle a toute la latitude de faire appliquer ses lois». En attendant, le royaume poursuit son bonhomme de chemin en matière de collaboration avec ses nombreux alliés dont le voisin espagnol qui, compte tenu de la proximité géographique, est certes l’un des plus importants.

Par Ziad Alami
Le 02/01/2015 à 18h59