Mardi dernier, Brahim Ghali a été convoqué pour témoigner par vidéo-conférence devant le juge Santiago Pedraz de l'Audience nationale. Toutefois, sa première intention était de quitter l'Espagne sans comparaître devant sa justice, selon les déclarations du numéro 2 du polisario, Salem Lebsir. Cette information a "provoqué un véritable séisme au Maroc", selon le site d’informations qui a suivi de près les développements de l’affaire de Brahim Ghali.
Conscient des intentions de Brahim Ghali de quitter le pays en toute impunité, le Maroc a adressé par voie diplomatique un message à la diplomatie espagnole: si Ghali sort de manière discrète, comme il est entré, la situation entre les deux pays deviendra encore plus compliquée. Le gouvernement de Pedro Sánchez s'est alors engagé à gérer le départ du Polisario de manière transparente, une fois ses obligations devant les tribunaux remplies, détaille OkDiario.
Toutes les parties impliquées dans l'affaire Ghali étaient d'accord sur une chose: le chef du polisario devait quitter l'Espagne à la fin de sa déclaration judiciaire. C'est pourquoi, mardi dernier, 1er juin 2021, à l'aube, Alger a informé Madrid que le vol destiné à rapatrier Ghali attendait l'autorisation de décoller d'une piste de la base militaire de Boufarik, située à seulement 35 kilomètres au sud-ouest de la capitale algérienne.
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Son plan de vol était secret et sa destination finale n'apparaît pas dans les informations électroniques émises par le signal ADS-B, acronyme du système de surveillance dépendante automatique, qui fournit des informations sur l'avion, telles que l'origine, la destination, la vitesse ou l'altitude, écrit le portail, précisant que, malgré le manque d’informations, les autorités espagnoles étaient au courant de la destination de l’avion: l'aéroport d'Algoncillo, à Logroño, le plus proche de l'hôpital où Brahim Ghali était admis.
A ce moment-là, le gouvernement espagnol a informé le Maroc que l'avion algérien allait partir et que l'opération Ghali était en cours. La transparence de l'ensemble du processus était un engagement ferme du gouvernement de Pedro Sanchez qui n’a pas reçu, en premier lieu, de message de réponse de Rabat.
Toutefois, quelques minutes plus tard, surprise: le Maroc a répondu par un "pas question", "inacceptable", rapporte OkDiario, notant que suite à la réaction de Rabat "la sonnette d'alarme a été tirée au ministère des Affaires étrangères".
Et le site d'informations de détailler que "Rabat a expliqué sa position. L'avion qui vient pour rapatrier Ghali est un avion gouvernemental, un des avions médicaux au service de la Présidence algérienne. Rapatrier le chef du Polisario dans cet avion, c'est un peu moins que lui donner le statut de chef d'Etat. Brahim Ghali doit quitter l'Espagne comme un simple étranger. La diplomatie espagnole a tenté de convaincre le Maroc, mais sa position est restée ferme".
"Près de deux heures se sont écoulées depuis que l'Algérie a informé que l’avion Gulfstream était prêt sur la piste pour se rendre à La Rioja lorsque Madrid a informé le gouvernement algérien que le plan a été annulé. Les autorités algériennes ont répondu: l'avion est déjà en vol. L'Espagne a insisté: il doit faire demi-tour. La réponse algérienne peut se résumer en un mot: de l'incrédulité. Et puis, de l'indignation", indique OkDiario.
Résultat: le pilote a accédé à l'espace aérien espagnol à la verticale de l'île de Formentera, lorsqu'il a reçu la communication du centre de contrôle (ACC) de Palma de Majorque. Son entrée lui est refusée. Il a alors dû faire demi-tour et retourner à sa base. Le pilote a donc obéi.
A ce moment, expliquent des sources diplomatiques à OkDiario, "le Maroc a marqué un point".
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Après ce rebondissement, la solution proposée est d'envoyer un avion médicalisé civil pour rapatrier Brahim Ghali. Cependant, l'Algérie a prévenu qu'elle ne disposait pas de cette capacité et l'Espagne s'est engagée à la trouver. Cette mission a ainsi finalement été confiée à Airlec, une prestigieuse -et coûteuse- compagnie française, spécialisée dans le rapatriement d'hommes richissimes d'Afrique.
A ce moment précis, écrit OkDiario, la diplomatie marocaine, "qui savourait peut-être la tournure des événements", a posé une autre condition: le départ de Ghali devait être communiqué et relayé, et aucune autorité espagnole ne devrait le saluer au pied de la piste. Le portail d'informations a ajouté que l'Espagne et l'Algérie, dépassées par la situation, ont accepté cette dernière condition.
Pour OkDiario, officiellement, en Espagne, ce vol d'Airlec a été payé par l'argent public algérien. Cependant, certaines sources consultées par le média ne sont pas d'accord, et affirment que la facture a en fait été réglée par l'Espagne.