Ça chauffe entre El Khalfi et les producteurs télé!

Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication.

Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication. . Brahim Taougar le360

Revue de presseKiosque360. Rien ne va plus entre le ministre de la Communication et les producteurs de l'audiovisuel.

Le 26/12/2013 à 22h42

Quelle ironie d'entendre un ministre de la Communication et un producteur télé échanger des accusations sur les ondes radiophoniques. Le face-à-face entre Mustapha El Khalfi et le représentant des maisons de production, Mouad Ghandi, qui a eu lieu, jeudi, sur la fréquence de la radio nationale, fait la Une d'Annass à paraître ce vendredi 27 décembre. Conviés à un débat sur l'état du secteur et les récentes réclamations des producteurs quant aux résultats des appels d'offres des chaînes publiques (2M et SNRT), les deux hommes ont préféré se tirer dans les pattes à coup d'accusations en tous genres.

El Khalfi reproche à Ghandi de "mener une campagne mensongère sur les cahiers des charges de son gouvernement" et d'avoir "profité du manque de transparence pour décrocher des marchés à travers sa société de production, Connexion médias". De l'autre, Ghandi qui se lance dans une sacrée tirade, accusant le ministre d'avoir "profité de son pouvoir pour placer le fils de Hamdaoui dans une des banques de la place". Cette accusation, qui faisait déjà la Une du même journal, daté du jeudi, pique El Khalfi au vif. "Le ministre s’emporte", poursuit Annass, laissant place à un débat pour le moins houleux et surtout totalement hors sujet. Le porte-parole du gouvernement renvoie l’accusation à Ghandi qui, selon lui, a travaillé avec une personne qui a détourné des fonds bancaires, faisant référence à Ali Ammar.

Et le secteur dans tout ça ?

"La polémique autour de la passation des marchés des programmes télévisés" continue sur La Vie Eco. L'hebdomadaire économique souligne que "les résultats des appels d'offres relatifs à la production externe des programmes télévisés ont pris de court les producteurs audiovisuels", et surtout les petits producteurs. Ces derniers "déplorent les montants élevés des cautions provisoires qui les ont écartés de la course", explique La Vie Eco qui tend justement le micro à Connexion Média, ou plus exactement à Mohamed Jamai, associé de Mouad Ghandi. "Il faut déposer une caution qui peut atteindre parfois 1,3 million de DH", explique Jamai, pour qui l'immobilisation d'une telle somme pendant trois mois est "quasiment impossible pour une petite structure". Autres points soulevés par le producteur : l'absence de "description détaillée de la nature et de l'objectif de l'émission" et les critères de sélection, jugés subjectifs. Les producteurs reprochent à El Khalfi le fait que le choix des programmes se base désormais sur l'offre technique et financière des entreprises. "Une démarche qui, lit-on sur le journal, ne peut s'appliquer dans un secteur tel que l'audiovisuel".

Au moment où les producteurs tirent la sonnette d'alarme sur l'état de leur secteur, pour le ministre, tout semble aller pour le mieux. "Les petites entreprises ont remporté certains lots", souligne-t-il à La Vie Eco avant d'ajouter qu'à partir de 2014, 20% des appels d'offres leur seront réservés". Quant aux critères de sélection, pour El Khalfi "c'est une réussite". Au pire, "ceux qui ne sont pas d'accord avec cette nouvelle démarche et avec les résultats des appels d'offres n'ont qu'à saisir la justice", conclut-il sur les colonnes de La Vie Eco

Aujourd'hui, les cahiers des charges ne sont pas décriés uniquement par les petits producteurs. Dans une déclaration à Le360, au lendemain de la publication des résultats des appels d'offres, Najat Kobi, DG de Disconnected, qui a décroché un gros lot, déclarait que "le nouveau système introduit par El Khalfi ne favorise pas les jeunes structures". Voilà maintenant deux ans que plusieurs maisons de production sont au chômage technique. Oui... le secteur de la production audiovisuelle avait besoin d'organisation et de transparence. Le recours aux appels d'offres est une recette universelle. Dans le cas du marché marocain, ils mériteraient d'être revus afin que les garanties financières ne soient pas une contrainte majeure pour les producteurs. La télévision, c'est avant tout des idées !

Par Sophia Akhmisse
Le 26/12/2013 à 22h42