«Il faut bien avoir en tête que l’extrémisme menace l’humanité. C’est un fléau qui peut frapper n’importe où et à n’importe quel moment avec des moyens rudimentaires», a relevé M. El Khayam dans un entretien aux journaux suisses «Tribune de Genève» et «24 heures».
«Sans une coopération renforcée entre tous les services de renseignement, nous ne pourrons pas le vaincre», a soutenu le directeur du BCIJ dans cet entretien axé sur l’enquête autour du meurtre de deux touristes scandinaves dans la commune d'Imlil et l’arrestation des suspects impliqués dans ce double homicide, dont un ressortissant helvético-espagnol.
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S’agissant de la coopération entre le Maroc et la Suisse dans la lutte contre le terrorisme, il a noté que «nos services de renseignement coopèrent, mais au regard de ce qui vient de se passer, il faudra sans doute renforcer nos relations».
Il a rappelé, dans ce sens, que le Maroc a mené, depuis les attentats de Casablanca en 2003, une politique de lutte contre le terrorisme qui s’est révélée très efficace, ayant permis de démanteler de nombreuses cellules dans le Royaume, mais aussi d’empêcher des attentats en France, en Belgique, au Danemark et dans plusieurs autres pays.
Concernant l’arrestation d’un Suisse soupçonné d’implication dans l’affaire d’assassinat des deux étudiantes scandinaves au Maroc, il a précisé que ce ressortissant helvético-espagnol a participé à plusieurs réunions secrètes avec les membres de la structure démantelée. «Il n’est pas directement impliqué dans l’assassinat des deux étudiantes, mais il connaissait les auteurs. Ensemble, ils ont visionné des films de Daech. Il était en contact avec un opérationnel de Daech en Syrie via la messagerie Telegram. Cet homme qu’il avait rencontré en Suisse, lui faisait passer des vidéos de décapitations», a détaillé M. El Khayam.
En outre, le suspect envisageait, avec les autres membres de la cellule démantelée, de commettre des actions sur le sol marocain visant les services de sécurité ou des touristes, a dit le directeur du BCIJ, notant que le ressortissant Suisse a accompagné certains membres lors d’entraiments au tir dans un champ avec des cartouches à blanc et a même recruté des subsahariens avec lesquels il projetait de rejoindre les branches de Daech au nord du Mali.
Le Suisse qui s’était radicalisé à Genève où il aurait projeté d’attaquer une bijouterie pour financer son départ vers la Syrie et rejoindre Daech, est arrivé au Maroc en 2015.
«Il a d’abord essayé de rejoindre une école coranique dans le sud du Royaume puis il s’est installé à Marrakech. Il y a rencontré un salafiste traditionnel auquel il a expliqué vouloir perfectionner ses connaissances en matière théologique. Par la suite il s’est rapproché d’un imam qui officie dans une mosquée anarchique dans la banlieue de Marrakech et c’est là qu’il est entré en contact avec l’émir de la cellule djihadiste impliquée dans l’assassinat des deux étudiantes. C’est d’ailleurs ce même émir qui a décapité l’une des deux victimes», a expliqué El Khayam.