La société marocaine de cigares Habanos S.A: «un mal de tête pour Cuba», titre un quotidien uruguayen

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La version uruguayenne du quotidien madrilène El Pais revient sur l’épisode judiciaire qui oppose la marque de cigare cubaine Habanos à la société marocaine du même nom, Habanos S.A.

Le 27/12/2019 à 15h08

Tout le monde sait que les légendaires cigares Habanos sont faits à partir de tabac cubain, commence d’emblée le journal uruguayen en précisant toutefois que la société marocaine du même nom, «Habanos S.A.» fabrique à l’heure actuelle des cigares «100% marocains», faits avec du tabac marocain, cultivé dans le nord du pays.

«Nous parlons d’une compagnie marocaine», poursuit la publication. «Ce n’est pas une erreur, ni une blague», explique encore le journaliste. 

«La société cubaine du même nom a déjà dénoncé à trois reprises les agissements de la société marocaine qui a eu l'idée d'enregistrer cette même marque au Maroc en 2011, dès que le tabac a cessé d'être un monopole de l'Etat marocain, et a commencé à produire ses propres cigares», lit-on dans l’article.

Un commerce rendu possible par l’import de graines de tabac de République dominicaine par des experts agricoles de ce même pays, du mais aussi du Honduras et d'Allemagne. Dès lors, «les Marocains se sont mis à cultiver et à produire leurs propres cigares». 

Comme le mentionne El Pais, ce n’est pas la première fois que cette société cubaine voit son nom utilisé. En effet, les marques les plus emblématiques de cette société, que sont Cohiba, Montecristo et Guantanamera ont déjà fait l’objet de contentieux dans d’autres pays du monde. 

Toutefois, comme le révèle El Pais, le scénario marocain est totalement nouveau et en cela, inédit.A l’origine de ce mal de tête cubain, Mohamed Zahraoui, lequel a remporté une bataille judiciaire en plusieurs actes devant la justice marocaine.

Si Habanos, la société cubaine, l’a poursuivi pour "usage abusif" de son nom, celle-ci a été déboutée.

Mieux encore, l’entrepreneur marocain a décidé de contre-attaquer en déposant plainte, à son tour, contre les Cubains pour avoir vendu leurs produits au Maroc, alors même qu’il a été le premier à avoir enregistré le nom commercial, Habanos, au Maroc.

Et la publication cette fois-ci de trépigner en annonçant la tenue du «premier salon international du cigare pur au Maroc», un nom jugé «pompeux» par El Pais. 

Face aux arguments et à l’aplomb de Mohamed Zahraoui, les questions fusent, notamment s’agissant de la localisation de l’usine, ou de l’endroit exact où est cultivé le tabac, ou encore de la capacité de production annoncée, de 200.000 cigares par an.

«Sa production va à 90% vers le marché étranger, dans cet ordre: les USA, les pays arabes du Golfe et la Chine», souligne El Pais en citant l’entrepreneur marocain, qui titille les Cubains en déclarant: «le problème des Cubains [de la marque Habanos] est qu’il ne sont pas une entreprise, tout au plus une coopérative. Eh bien, Cuba n’est-il pas un pays socialiste?». 

Et le journaliste de les prévenir, sans perdre de son aplomb: «nous les avons forcés à fermer une fois leur maison Habanos à Casablanca, et nous le ferons à nouveau».

Enfin, selon El Pais, Mohamed Zahraoui, «avec un de ses cigares "Premium" à la main, apparaît très confiant: il laisse tomber, sans donner de nombreux indices, qu'il a également déposé la marque auprès d'un tribunal américain et qu'il est disposé à plaider dans ce pays sous le nom de Habanos».

Estocade finale contenue dans l'article: «parallèlement, il continuera à vendre ses "cigares made in Morocco" dans le monde entier… ».

Par Leïla Driss
Le 27/12/2019 à 15h08