A ce jour, la date exacte de création des arènes de Casablanca n’est pas encore clairement établie. 1913 pour certains, 1921 pour d’autres. Au vu des rares photos aériennes de Casablanca à cette époque et du recoupage d’informations, il semblerait que cette deuxième date soit la bonne.
Toujours est-il que ces célèbres arènes, tombées aujourd’hui dans l’oubli, nous les devons à une famille espagnole, établie au Maroc depuis la fin du XIXème siècle, les Castella.
Les arènes, édifice en bois, ont été construites en 80 jours avant d’être, quelques années plus tard, reconstruites en dur, dans un style néo-mauresque que l’on doit à l’architecte français Alexandre Cormier, concepteur notamment du célèbre vélodrome casablancais.
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Durant le protectorat, la foule se rend aux arènes, qui comportent alors 12000 places, pour assister aux corridas principalement, mais aussi aux courses de taureaux et aux matchs de boxe.
Puis, l’endroit sera abandonné dans les années 40 pour retrouver une seconde vie dès 1953, lorsque le catalan et organisateur de corridas Don Vincente Marmaneu et le français Paul Barrière décident d’en refaire un lieu incontournable de la tauromachie.
Paco Camino, Domingo Ortega, Luis Bienvenida, Antonio Ordonez, Luis Miguel Dominguin mais aussi Manuel Benitez alias El Cordobès qui, en 1969, offrira à Casablanca sa dernière corrida… autant de célèbres torréadors qui ont connu leur heure de gloire dans ces mythiques arènes.
Rock and carsMais la corrida ne sera pas la seule à faire vivre les arènes. Grâce à Nina Banon, qui viendra compléter le duo formé par Marmaney et Barrière, l’endroit deviendra aussi une scène mythique pour les chanteurs et groupes les plus célèbres du moment.
Ray Charles, Johnny Hallyday, Dalida, The Platters, Jacques Brel, The Shadows, Petula Clark, Abdelhalim Hafid, Najat Saghiza, Les Temptations, Faïrouz, Holiday On Ice, Sacha Distel… les concerts des arènes valent le détour.
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Sans compter les courses de Stock-Car. «C'était très spectaculaire… Les bruits de tôle écrasée à chaque virage, avec un grand nuage de poussière, que nous regardions le coeur battant, redoutant ce bolide qui se renversera dans le prochain virage, suivi d'un concurrent virulent désirant le dépasser» se souvient encore ce témoin d’une époque révolue.
Et puis, comme toutes les bonnes choses, il y eut une fin. La mort de Don Vincente Marmeneu et les spéculations immobilières, semble-t-il, eurent raison des arènes casablancaises, démolies en 1971.
Pourtant, depuis, rien ne fut plus jamais construit à cet endroit.
Dernier vestige de cette folle époque, le restaurant la Corrida, niché dans le quartier Mers Sultan, tenu par Solange, la veuve de Don Vicente. Aux murs, affiches, photos des spectacles et des corridas d’antan et une tête de taureau, tombé dans le sable des arènes.