La pression sur le système électrique national s’annonce particulièrement intense ces prochains jours, alors que les températures continuent de grimper. Selon L’Économiste dans son édition du jeudi 17 juillet, cette situation est due à l’usage massif des climatiseurs, qui fait exploser la consommation d’électricité face à la vague de chaleur.
Le 30 juin dernier, lors d’une vague de chaleur exceptionnelle, le système électrique a enregistré un pic historique de 7,9 gigawatts, soit une hausse de près de 5% par rapport à la même période en 2024. «Cette envolée est directement liée à l’utilisation accrue des climatiseurs», a confirmé lundi Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, lors d’une séance de questions à la Chambre des représentants.
Cette surconsommation ne reste pas sans conséquence, lit-on. Elle alourdit les coûts de production et d’importation d’électricité, impactant à terme le budget des ménages et des entreprises. Face à ce défi, les autorités appellent à une consommation responsable et à la prudence afin d’éviter toute surcharge du réseau.
Pour anticiper ces tensions, le gouvernement a engagé des mesures visant à mieux réguler le marché des climatiseurs. En septembre 2024, un arrêté conjoint avec le ministère de l’Industrie et du Commerce a fixé des critères stricts de performance énergétique et instauré l’étiquetage obligatoire des appareils, en particulier dans les zones urbaines. Ces normes, régulièrement réévaluées, s’inscrivent dans la lutte contre le réchauffement climatique accéléré.
Par ailleurs, un effort particulier est déployé dans les zones montagneuses et rurales, où le ministère, en partenariat avec l’Agence marocaine pour l’efficacité énergétique (AMEE), encourage le retour aux matériaux de construction traditionnels. Des bâtiments modèles, inspirés des techniques ancestrales comme les murs en pierre sèche, permettent de maintenir des températures intérieures modérées entre 15 et 25 degrés, même lorsque les températures extérieures sont élevées.
Selon la dernière note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières (juin 2025), repris par L’Economiste, la production nationale d’électricité a progressé de 6,5% au premier quadrimestre 2025, contre +3% un an plus tôt. Cette dynamique est portée par la production privée (+8,1%) et celle de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) (+10,5%).
Cependant, la production issue des énergies renouvelables dans le cadre de la loi 13-09 a reculé de 13,9%, après une forte croissance l’année précédente. Sur le plan des échanges extérieurs, les importations d’électricité ont diminué de 4,4%, tandis que les exportations ont chuté de 14,4%, même si elles ont connu un rebond au printemps 2025.
Malgré une demande record lors de la canicule du 30 juin, l’ONEE a assuré que le réseau électrique national a tenu bon, sans coupures ni rationnements, grâce à des capacités renforcées. Néanmoins, l’Office souligne que ces pics de consommation estivaux tendent à devenir structurels, conséquence directe du changement climatique.
Pour répondre à ces nouveaux défis, il est essentiel de mieux gérer la demande et d’accélérer les investissements dans les énergies renouvelables, rappelle l’ONEE. En 2024, la consommation électrique a atteint 45.713 GWh, en hausse de 3,9% par rapport à 2023, avec un pic maximal à 7.580 MW.
Chaque gigawatt supplémentaire mobilisé exerce une pression directe sur les coûts d’approvisionnement, impactant la facture énergétique nationale. Toutefois, les données de l’Office des changes à fin mai 2025 montrent une baisse de 6,5% de la facture énergétique, à 45,6 milliards de dirhams, grâce notamment à la chute des prix du gasoil et fuel-oil.
À l’échelle mondiale, lit-on encore, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) tire la sonnette d’alarme sur la croissance rapide de la consommation électrique liée à la climatisation dans les pays chauds, où elle peut représenter plus de 70% de la demande de pointe en été. Cette situation exerce une forte pression sur les réseaux électriques, avec un risque accru de coupures.
Pour limiter ces risques, l’AIE préconise de renforcer les normes d’efficacité énergétique, de soutenir l’innovation technologique et de promouvoir des comportements de consommation responsables.








