UPS Maroc: imbroglio autour des autorisations d’exercer dans le royaume

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UPS Maroc opérait jusque-là avec une autorisation au nom de LandEX qu’elle avait rachetée. Or, la réglementation prévoit que les autorisations soient nominatives et non cessibles. Tout en poursuivant l’activité, elle tenterait actuellement d’y remédier, chose qui ne semble pas gagnée d’avance.

Le 04/02/2017 à 11h25

Le ministère de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique a-t-il fermé les yeux sur une multinationale opérant dans le royaume sans se soumettre aux exigences réglementaires ?

Selon nos informations, UPS Maroc, qui opère officiellement dans le royaume depuis 2015, n’aurait pas l’autorisation exigée dans son secteur d’activité. D’ailleurs, c’est pour remédier à ce problème que la filiale marocaine d’UPS a adressé, en fin d’année dernière, une missive au ministère de la tutelle pour demander «une mise à jour nominative» de l’autorisation avec laquelle elle travaillait. Sauf que le ministère ne semble pas vraiment pressé d’y répondre, alors qu’UPS Maroc continue tranquillement son activité.

En fait, pour comprendre la problématique, il faudrait remonter à 2014, lorsque UPS s’apprêtait à arrêter sa collaboration avec son représentant de l’époque au Maroc, la société Fath Al Khouloud. Cette année-là, une société du nom de LandEX avait soumis au ministère une demande d’autorisation pour l’exercice de l’activité du transport international de courrier accéléré.

Le dossier présenté était beau sur le papier, avec des promesses d’importants investissements, des recrutements, un partenariat à l’international (difficilement vérifiable!)… Le ministère a semblé séduit et a rapidement accordé l’autorisation réclamée par LandEX en juillet 2014. Cependant, selon nos informations, la tutelle a tout de même émis une réserve consistant en un contrôle par ses services, devant être fait quatre mois après, pour vérifier les promesses faites par la société dans son dossier.

Ce contrôle n’aurait finalement jamais eu lieu et la société LandEX, qui semblait davantage être une coquille vide dont la création avait d’autres objectifs que celui d’être un opérateur de transport international de courrier accéléré, n’exercera aucune activité durant les neuf mois qui suivront l’obtention de l’agrément.

Elle ne réalisera pas non plus les engagements contenus dans sa demande d’agrément, à savoir les investissements estimés à 20 millions de dirhams et qui consistaient à porter le capital de 100.000 DH à 1 million de dirhams, à recruter une centaine de personnes, à participer à un programme de formation de 1,5 millions de dirhams et à transformer la forme juridique de la société de SARL en S.A.

LandEX sera finalement rachetée par le géant mondial UPS (pour un montant de 1,3 million d’euros alors que son capital n’était que de 100.000 DH !) en avril 2015 et, quelques mois plus tard, la société changera de dénomination et deviendra UPS Maroc. C’est à partir de là que l’activité a réellement démarré.

Le hic, c’est que ce démarrage de l’activité a été fait sur la base de la première autorisation qui avait été accordée par le ministère à LandEX. D’un côté, cette autorisation devait être, en principe, caduque étant donné que les contrôles sous réserve desquels elle avait été accordée n’avaient pas été faits.

D’un autre côté, la réglementation en vigueur précise que toute autorisation dans ce secteur est nominative et ne peut à aucun moment faire l’objet d’une cession.

En d’autres termes, lorsqu’UPS a racheté LandEX et l’a changé en UPS Maroc, elle aurait dû soumettre une nouvelle demande d’autorisation ou demander une mise à jour de l’autorisation de LandEX. Chose qui n’a été faite qu’à la fin de l’année dernière, plus d’un an après le démarrage.

Interrogé sur un éventuel problème d’autorisation avec le ministère, Aziz Bensouda, actuel general manager d’UPS Maroc et qui est d’ailleurs l'un des deux fondateurs de LandEX, dément catégoriquement. «Nous avons obtenu la mise à jour de l’autorisation en décembre dernier et c’est Moulay Hafid Alamy (ndlr, ministre de tutelle) qui l’a signée», nous explique-t-il.

Nous avons tenté de vérifier cela avec le ministre mais celui-ci est resté injoignable. Cependant, sachant qu'une autorisation de ce type doit être publié dans le Bulletin officiel, nous avons vérifié tout ce qui y a été publié depuis début décembre jusqu’à la date d'aujourd'hui. Or, il n’y a pas trace d’une quelconque autorisation accordée à UPS Maroc dans le Bulletin officiel.

Par Younès Tantaoui
Le 04/02/2017 à 11h25