Tourisme: faut-il s’inquiéter pour la saison estivale?

Plage de M'diq, dans le nord du Maroc. 

La plage de M'diq.. DR

Revue de presseMalgré la diffusion de vidéos montrant des plages peu fréquentées sur la côte nord, les données officielles confirment une hausse des arrivées touristiques au premier semestre 2025. Les professionnels appellent à la prudence. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Éco.

Le 22/07/2025 à 19h07

Alors que l’été 2025 atteint sa seconde moitié, quelques séquences filmées à Saïdia, M’diq ou sur la côte méditerranéenne ont enflammé les réseaux sociaux. À l’image: des étendues de sable presque désertes, des esplanades calmes, des parasols abandonnés. Partagées en boucle, ces scènes alimentent l’idée d’une saison estivale morose, voire ratée. Mais pour les professionnels du secteur, le tableau est bien plus nuancé, indique le quotidien Les Inspirations Éco dans son édition du 23 juillet.

«Nous sommes encore en plein milieu de saison. Il est trop tôt pour dresser un bilan définitif», recadre Rkia Alaoui, directrice générale du Marina Smir Hôtel & Spa et présidente du Conseil régional du tourisme de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, citée par le quotidien. Elle rappelle que l’essentiel de l’afflux des Marocains Résidant à l’Étranger (MRE) se concentre traditionnellement sur le mois d’août, période charnière pour les stations balnéaires du Nord. Pour Rkia Alaoui, ces images virales manquent de contexte et amplifient artificiellement une impression de vide. «Un instantané ne dit rien de la dynamique réelle. Les chiffres consolidés ne tomberont qu’après la mi-août», insiste-t-elle.

Les données disponibles contredisent en effet les conclusions hâtives. Selon la Direction générale de la sûreté nationale, le Maroc a accueilli 8,9 millions de visiteurs internationaux au premier semestre 2025, soit une hausse de 19% par rapport à la même période l’an dernier. Seul le mois de juin a enregistré une progression de 11%.

Les points d’entrée du Nord affichent eux aussi une bonne santé. L’aéroport de Tanger Ibn Battouta a vu son trafic bondir de 32% et celui de Nador El Aroui de 25%. Quant aux postes frontaliers de Bab Sebta et Béni Ansar, ils maintiennent un flux stable. «Si l’on observe un léger tassement en juillet, il ne s’agit pas d’un recul mais d’un ralentissement de la croissance», explique Zoubir Bouhout, expert en tourisme, également cité par Les Inspirations Éco. Globalement, le deuxième trimestre s’est soldé par une hausse de plus de 20% des arrivées.

Chaque été, les MRE jouent un rôle clé dans l’animation du Nord. Pourtant, leur poids réel échappe souvent aux statistiques classiques. Officiellement, l’opération Marhaba 2025 affiche une hausse de 13% des arrivées de MRE au 10 juillet. Mais une grande partie de ces visiteurs loge dans des résidences secondaires ou loue des hébergements via Airbnb, en dehors du circuit hôtelier traditionnel. Ils ne représentent que 0,7% des nuitées dans les établissements classés, selon une étude de 2023.

Reste la question sensible de la cherté de la destination. Comparée à des pays concurrents comme l’Espagne ou la Turquie, la côte nord est jugée coûteuse par de nombreux vacanciers. Pour Zoubir Bouhout, cette perception n’est pas totalement infondée, mais elle doit être relativisée. «La hausse des tarifs de location, notamment via Airbnb, traduit une demande toujours soutenue malgré les critiques», souligne l’expert.

Derrière le débat sur les prix, c’est aussi la question de l’adéquation entre qualité de service et attentes, notamment des jeunes générations, qui se pose. Autre limite structurelle: la capacité d’accueil du Royaume reste insuffisante pour absorber la demande cumulée des touristes nationaux, internationaux et des MRE. Sur environ 320.000 lits disponibles, certains hôtels demeurent encore fermés ou en rénovation.

En attendant, les professionnels appellent à la prudence. «Tirer des conclusions sur la base de quelques images isolées est hasardeux, prévient Zoubir Bouhout. D’autant plus que les signaux macroéconomiques invitent à l’optimisme, lit-on encore. L’indice de confiance des ménages, récemment publié par le Haut-Commissariat au Plan, a atteint 54,6 points, son plus haut niveau depuis plusieurs trimestres. Un indicateur qui pourrait se traduire par une hausse de la consommation touristique dans les prochaines semaines. Le verdict tombera à la rentrée, quand les chiffres officiels viendront valider ou infirmer l’impression donnée.

Par La Rédaction
Le 22/07/2025 à 19h07