Jeudi dernier, le Maroc franchissait un cap dans le cadre de sa stratégie énergétique, avec le lancement de Noor I. L’importance de ce projet ne s’illustre pas seulement dans les dizaines de milliards investis, ou celles qui le seront dans les prochaines phases, mais dans l’apport d’un pareil projet à un pays qui accélère son développement. Tout savoir sur l'intérêt de Noor en quatre questions.
Que représentent les MW que produira Noor ?Ce qu’il faut savoir, c’est que la capacité de Noor I est de 160 MW. Une fois Noor II, Noor III et Noor IV réalisées, la centrale de Ouarzazate disposera d’une capacité globale de 580 MW. Théoriquement, une centrale d’une telle capacité peut produire plus de 5000 GWH par an. A titre de comparaison, une ville comme Casablanca, qui absorbe environ 20% de la consommation électrique globale du Maroc, a consommé environ 4000 GWH en 2014. En d’autres termes, une fois achevée, la centrale solaire peut assurer l’éclairage de toute la ville de Casablanca, tout au long de l’année.
Cependant, cela ne durerait qu’une trentaine d’années, car les équipements de la centrale ont une durée de vie limitée. Par ailleurs, il faut préciser qu’aucune centrale au monde, quelle que soit la source d’énergie, ne produit le maximum de sa capacité théorique. Mais Noor, contrairement à d’autres centrales solaires dans le monde, aura l’avantage de produire de l’électricité au moins 3 heures après le coucher du soleil. Sur Noor II et Noor III, on parle même de 7 heures après le coucher du soleil. Ceci est possible car le Maroc a en effet opté pour une technologie encore peu répandue qui est certes plus chère, mais qui permet d’optimiser la production énergétique.
Combien l’électricité « solaire » coûtera à l’ONEE ?L’énergie solaire est relativement chère, comparativement aux énergies produites à partir d’autres sources comme le charbon. Du coup, le Maroc a mis en place un schéma de distribution permettant d’éviter un renchérissement des coûts de l’ONEE. En principe, elle devrait coûter 1,61 DH par Kwh sur le site de Noor I. C’est à ce tarif que Acwa Power, qui produira l’énergie, va la vendre à MASEN. Cette dernière se chargera ensuite de la revendre à l’ONEE à un prix de 1,20 DH par Kwh. Un mécanisme de subvention prendra alors en charge le différentiel. Il est à noter que pour Noor II et III, le tarif devrait baisser à 1,36 DH et 1,42 respectivement.
Pourquoi produire une électricité plus chère ?En fait, l’électricité qui proviendra de Noor ne sera pas plus chère que toutes les sources utilisées par l’ONEE. Cette dernière recourt régulièrement au fuel pour produire de l’électricité. L’office est d’ailleurs le principal consommateur de ce carburant au Maroc. Or, ce produit peut s’avérer très couteux lorsque les prix du pétrole s’envolent à l’international.
Par ailleurs, au-delà des enjeux environnementaux, l’intérêt d’une centrale comme Noor est qu’elle est construite à un moment où le Maroc connaît une croissance importante de sa consommation énergétique (5% en moyenne chaque année). Il a donc besoin de nouvelles sources d’énergie et le solaire en est une qui fait l’affaire. Grâce à un taux d’ensoleillement élevé pendant quasiment toute l’année dans la région de Ouarzazate, Noor est une centrale qui assure au Maroc un minimum de sécurité en matière d’approvisionnement du marché en électricité.
Le Maroc pourra-t-il exporter l’énergie produite par Noor ?En principe, la réponse est affirmative. C’est d’ailleurs un des objectifs initiaux du projet. Mais l’abandon il y a deux ans du projet Desertec a réduit les chances du Maroc de pouvoir exporter vers l’Europe. Du moins, dans un premier temps, car avec tout ce qui se passe sur la scène internationale en matière d’environnement, le Maroc a toujours une carte à jouer. En effet, de plus en plus de pays seront appelés, à terme, à renforcer la part des énergies propres dans leur mix énergétique. Or, le Maroc a le triple avantage de la proximité géographique, la forte exposition au soleil et la disponibilité d’une centrale solaire.