Le 28 avril dernier, une coupure brutale d’électricité a plongé la péninsule Ibérique dans le noir, impactant près de 60% de la consommation électrique espagnole. Si le Maroc a été épargné sur le plan énergétique, il n’en a pas moins ressenti les secousses de cette panne à travers des perturbations constatées dans la qualité de la connexion Internet chez certains opérateurs.
«À ce jour, les premières analyses indiquent que la panne est survenue à la suite d’une perte brutale d’environ 15 gigawatts de production électrique en Espagne, soit près de 60% de la demande nationale. Ce déséquilibre soudain a provoqué la déconnexion automatique de la péninsule Ibérique du réseau électrique européen», explique Mohamed Tmart, expert en sécurité informatique, dans un entretien avec le magazine Finances News Hebdo. Bien que le Maroc n’ait pas été directement affecté sur le plan électrique, des perturbations ont été observées dans les services Internet. Celles-ci s’expliquent par la forte dépendance de certains opérateurs marocains aux câbles sous-marins passant par la péninsule.
L’incident met en lumière la vulnérabilité d’un modèle d’interconnexion fortement centralisé, appelant à une diversification stratégique des liaisons et à une montée en puissance des capacités nationales.
Pour Mohamed Tmart, cet épisode est un rappel sévère de la nécessité de renforcer la souveraineté technologique du Maroc. «Il faut impérativement développer de nouveaux câbles sous-marins, indépendants de la péninsule Ibérique, vers l’Europe continentale, mais aussi vers l’Afrique de l’Ouest. En parallèle, il devient stratégique d’investir massivement dans les infrastructures nationales, en particulier dans les énergies renouvelables et les centres de données locaux», souligne-t-il.
Cette approche permettrait non seulement de mieux garantir l’autonomie du pays, mais aussi de résister plus efficacement aux chocs extérieurs. Il insiste également sur la nécessité d’installer des dispositifs de secours robustes. «Il est crucial de développer des capacités de stockage d’électricité et des solutions de secours pour les télécoms, afin de garantir la continuité de service même en cas de rupture de liaison», lit-on.
Au lendemain de la panne, de nombreux observateurs ont immédiatement évoqué la possibilité d’une cyberattaque. Un réflexe révélateur d’un climat international tendu. «Nous vivons dans un contexte géopolitique où les cyberattaques contre des infrastructures critiques se sont multipliées, notamment en Europe de l’Est et en Amérique du Nord», rappelle Tmart. «L’ampleur de l’impact et l’absence initiale d’explication technique claire ont conduit de nombreux observateurs à suspecter une attaque informatique», lit-on
Bien que cette hypothèse ait été rapidement écartée par les autorités espagnoles, l’épisode illustre bien la sensibilité croissante des États à tout événement pouvant compromettre leur stabilité énergétique ou numérique.
Pour limiter les risques à l’avenir, l’expert plaide pour une véritable refondation des dispositifs de résilience. «Il est impératif de renforcer les dispositifs de redondance dans les infrastructures critiques, en mettant en place des réseaux de secours et des solutions de backup pour les télécommunications», recommande-t-il.
Il insiste également sur l’importance des plans de continuité d’activité. «Ces plans doivent être régulièrement testés via des exercices de simulation. Les secteurs stratégiques comme le transport aérien ou les télécoms doivent aussi améliorer leur coordination avec les autorités nationales et internationales», lit-on encore. Mohamed Tmart souligne également l’enjeu humain. La formation des équipes techniques et décisionnelles à la gestion de crise est essentielle pour limiter les effets domino et garantir un retour rapide à la normale.