Paiement électronique: le démantèlement du monopole du CMI amorcé

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Revue de presseLe marché du paiement électronique au Maroc amorce une nouvelle phase d’ouverture à la concurrence. Depuis le 1er mai, les filiales de banques actionnaires du CMI sont autorisées à contractualiser avec les commerçants. Si plusieurs acteurs sont prêts sur le plan technique, le démarrage effectif tarde, en dépit des engagements pris auprès du Conseil de la concurrence. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Économiste.

Le 13/05/2025 à 20h12

Depuis le 1er mai 2025, les filiales de banques actionnaires du Centre monétique interbancaire (CMI), dédiées au paiement électronique, sont autorisées à contracter directement avec les commerçants pour leur fournir des solutions de paiement, indique le quotidien L’Économiste dans son édition du mercredi 14 mai. Cette évolution s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des engagements pris par le CMI auprès du Conseil de la concurrence pour mettre fin à sa position dominante.

Cette obligation de délai ne concerne que les opérateurs affiliés au CMI. Les autres acteurs du marché, notamment les sociétés indépendantes ou les filiales de banques non actionnaires du Centre, telles que Naps, VPS ou Al Barid Bank, étaient déjà libres d’opérer avant cette date. Elles ont d’ailleurs pu équiper certains commerçants dès le lancement de leurs activités.

La décision du Conseil de la concurrence, rendue le 4 novembre 2024, visait à ouvrir le marché à de nouveaux entrants, suite à une plainte déposée par Naps. Elle a fixé le calendrier de démantèlement progressif du quasi-monopole du CMI, tout en encadrant l’entrée des nouveaux opérateurs, lit-on.

À ce jour, six sociétés de paiement sont prêtes à démarrer leurs activités commerciales. Elles sont détenues par Attijariwafa bank (deux filiales), CIH Bank, la Banque Centrale Populaire, Bank of Africa et le Crédit Agricole. Malgré l’autorisation réglementaire en vigueur, ces entités n’ont pas encore commencé à signer de nouveaux contrats avec les commerçants. Des ajustements techniques sont encore en cours pour finaliser les offres, en lien avec le CMI et les réseaux Visa et Mastercard.

Cité par L’Économiste, un professionnel du secteur souligne que le CMI et les six nouveaux opérateurs ont réalisé un travail préparatoire conséquent. Tous sont désormais interconnectés au système d’information du CMI, qui adapte actuellement son infrastructure pour devenir une plateforme neutre de traitement des transactions au profit de l’ensemble des acteurs.

Parallèlement, le CMI continue de gérer son portefeuille de commerçants existants jusqu’à la date butoir du 1er novembre 2025. À cette échéance, il devra transférer près de 55.000 contrats commerçants et environ 65.000 terminaux de paiement électronique (TPE) à d’autres établissements spécialisés, conformément à ses engagements.

Trois autres opérateurs devraient rejoindre le marché prochainement. Il s’agit de filiales en préparation au sein de Société Générale, BMCI et Crédit du Maroc. Ces établissements avaient dissous leurs précédentes entités de paiement et devront obtenir de nouvelles licences auprès de Bank Al-Maghrib, lit-on encore.

La question du retard du démarrage effectif des nouveaux opérateurs reste posée. Cette situation limite temporairement l’accès des commerçants à des solutions de paiement alternatives. Une conférence est prévue autour du 20 mai par le CMI, afin de faire le point sur l’état d’avancement du processus, d’expliquer les délais observés et d’annoncer les premières signatures de contrats.

Le marché du paiement électronique est donc en transition. Si l’ensemble des conditions techniques et réglementaires est réuni, l’ouverture effective à la concurrence devrait s’accélérer dans les prochaines semaines.

Par Lamia Elouali
Le 13/05/2025 à 20h12