Med Paper. les actionnaires majoritaires se désengagent en catimini

La fabrication du papier, à Tanger. 

La fabrication du papier, à Tanger. 

Alors qu’elle possédait 58% du capital, la famille Sefrioui n'en contrôle plus que 27%. Les ventes opérées sur le marché ont alerté le CDVM qui a mené une enquête et découvert le pot aux roses. Aujourd’hui, la CDG est de loin le plus important actionnaire.

Le 14/03/2015 à 21h08

Il y a comme un nouveau parfum de scandale qui plane au niveau de la Bourse de Casablanca. Les actionnaires majoritaires ont vendu progressivement leurs titres au nez et à la barbe du marché. La famille Sefrioui, qui possédait 58% du capital de Med Paper, a cédé plus de la moitié de sa participation, mais les derniers franchissements de seuil n’ont pas été communiqués au CDVM. Aujourd’hui, les quatre membres de la famille, à savoir, d’une part Mohsin, Mohamed Fouad et Ilham Sefroui et, d’autre part Habiba Bennani, ne possèdent plus que 27,35%, affirme le Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) dans un communiqué rendu public hier en fin de soirée.

Sanctions du CDVM"Suite aux manquements relevés, le CDVM a décidé d’ouvrir une procédure de sanction à l’encontre des personnes concernées, et ce conformément aux dispositions légales et réglementaires en vigueur", souligne le communiqué.Le gendarme de la Bourse explique que "contrôles menés sur des transactions portant sur les actions Med Paper ont révélé plusieurs cessions effectuées par certains membres de la famille Sefrioui, actionnaires majoritaires de la société, ayant entraîné des franchissements de seuil de participation à la baisse dans le capital de Med Paper". Et d’ajouter que : "Suite aux actions entreprises par le CDVM, les actionnaires concernés, à l’exception de Mme Habiba Bennani, ont adressé les déclarations qui leur incombent, dont la dernière en date du 6 mars 2015".

Des ventes "concertées"Dans les détails, Mohsin Sefroui a vu sa participation passer de 20,95% à 18,18% et aurait dû déclarer avoir franchi le seuil de 20%, comme le prévoit la loi 1-93-211. Mohamed Fouad n’a pas non plus communiqué avoir fait baisser ses actions de 11,91% à 4,20%, oubliant ainsi les seuils de 10% et 5%. Habiba Bennani, qui possédait 6,55% aux dernières nouvelles, ne détient plus que 4,42%. Quant à Ilham Sefroui, elle a vendu la quasi-totalité de ses 5,58%. Deux autres membres de la famille Sefrioui, à savoir Afifa et Amina, figuraient parmi les actionnaires avec respectivement 5,23% et 4,53%. Mais désormais, leur nom n’est plus cité par la CDVM à côté des détenteurs de titres.

Sur 1 MDH, il ne reste plus que 150.000 DHIl faut dire que la famille a perdu une fortune avec Med Paper. En effet, le cours de l’action est passé de 133 dirhams en 2009 à 19,8 dirhams. Sur chaque million de dirhams qu’elle possédait en 2009, il ne lui reste que 150.000 dirhams. Cette dégringolade du cours est une sanction logique du marché, suite à la dégradation des résultats de Med Paper. En fait, on ne se rappelle même plus quand la société a réalisé son dernier bénéfice. Ces six dernières années, elle a affiché des déficits variant entre 22 et 60 millions de dirhams, tous les ans.

Conséquences: changement à la tête ?Par ailleurs, il est important de souligner que cette enquête du CDVM aura d’autres conséquences. En effet, la CDG, à travers sa filiale CDG développement, est de loin l’actionnaire le plus important avec 36% du capital. Par conséquent, elle peut demander à prendre le contrôle de la société. Du coup, Mohsine Sefrioui pourrait perdre son poste de PDG.

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 14/03/2015 à 21h08